Une taxe minime sur la malbouffe ne changerait pas les comportements alimentaires, révèle un chercheur invité au Congrès national sur l'obésité, hier à Montréal. Une conclusion qui décevra sans doute bien du monde, mais dont on a intérêt à tenir compte.

Une taxe minime sur la malbouffe ne changerait pas les comportements alimentaires, révèle un chercheur invité au Congrès national sur l'obésité, hier à Montréal. Une conclusion qui décevra sans doute bien du monde, mais dont on a intérêt à tenir compte.

Taxer les boissons gazeuses, la friture ou les sucreries pour combattre le surpoids? L'idée séduit beaucoup de gens. Sauf que ça ne fonctionne pas, montrent les recherches du professeur Sean Cash, du département des sciences de la consommation de l'Université du Wisconsin. Pis: les consommateurs ayant un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé seraient les moins sensibles au prix de ce genre d'aliments, a-t-il constaté en expérimentant avec des collations riches en gras.

Pourtant, les prix ont une grande influence sur ce que les gens mettent dans leur panier d'épicerie. On sait aussi que dans les milieux défavorisés, où les problèmes de surpoids et d'obésité sont les plus présents, on choisit souvent des aliments de moindre valeur nutritionnelle parce qu'ils sont moins coûteux - des boissons gazeuses au lieu du lait, par exemple.

Il est donc tentant de croire qu'en augmentant le prix des calories vides, on en dégoûtera la population. Mais ce n'est pas si simple que ça, montre l'économiste Sean Cash. Les gens pourraient par exemple se rabattre sur des boissons gazeuses meilleur marché.

C'est que les consommateurs ont la tête dure, et des façons très particulières de réagir aux recommandations sur la santé. Prenez les produits laitiers. Le discours sur la teneur en gras a fait du chemin puisque la consommation du lait à 0% et 1% a progressé au cours des dernières décennies, à l'inverse du 3,25% et du 2%. Sauf que la consommation de fromages nettement plus riches en gras a aussi beaucoup augmenté durant cette période. Visiblement, les gens font des choix, et nous sommes les premiers à défendre celui-là. Mais il faut reconnaître que pour réduire l'apport en calories et en gras saturé, c'est raté.

La progression du surpoids et de l'obésité devrait nous rendre collectivement humbles. Plus on cherche des moyens de renverser la tendance, plus on se rend compte à quel point le problème est complexe et se rit des solutions simplistes.  

Taxer les boissons gazeuses pour financer de meilleurs repas scolaires, comme le propose la Coalition Poids, n'est pas une mauvaise idée. Mais quel politicien sera assez honnête pour la présenter comme telle, c'est-à-dire une source de revenus dédiée, sans prétendre améliorer la santé des amateurs de sodas?

Les clients ayant un IMC plus élevé étaient plus sensibles aux avertissements sur l'emballage, note le professeur Cash. Mais il est le premier à reconnaître que cet effet dissuasif pourrait s'estomper avec le temps, ou que les gens compenseront peut-être ailleurs.  

Les solutions doivent être envisagées sur un horizon de 30 à 40 ans, ont souligné plusieurs intervenants au congrès. On commence à comprendre pourquoi.

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