Il fallait une certaine bravoure pour redémarrer la Bourse de Tokyo dès le premier jour ouvrable suivant le cataclysme. Mais les marchés, malgré la vigueur de leur réaction, s'interrogent toujours sur les conséquences économiques de ce désastre.

Il fallait une certaine bravoure pour redémarrer la Bourse de Tokyo dès le premier jour ouvrable suivant le cataclysme. Mais les marchés, malgré la vigueur de leur réaction, s'interrogent toujours sur les conséquences économiques de ce désastre.

L'incertitude entourant les centrales nucléaires affectées par le séisme est une inconnue suffisante pour fausser n'importe quel calcul. Un troisième réacteur de la centrale Fukushima 1 faisait craindre le pire hier en fin de journée.  

La possibilité d'un accident grave et le temps qu'il faudra pour ramener l'ensemble de la production d'électricité à un niveau suffisant pour soutenir l'activité économique normale constituent des variables importantes. Tant que ces incertitudes ne sont pas dissipées, les parallèles avec l'après-Kobé, ou d'autres pays ayant vécu des séismes importants, sont de peu d'utilité.

Il faut donc s'attendre à beaucoup de volatilité dans l'immédiat. L'indice Nikkei a reculé de 6,2%, sa pire contreperformance depuis la crise de l'automne 2008. Le Japon aurait-il dû attendre un peu avant de reprendre les transactions, comme les États-Unis l'ont fait après le 11 septembre? Le pays, qui a récemment dû concéder à la Chine le titre de deuxième économie en importance au monde, tient visiblement à montrer qu'il est capable de se tenir debout devant l'adversité. Le sol, cependant, tremble encore sous ses pieds.

La Banque du Japon a fait ce qu'il fallait en injectant 183 milliards US de liquidités, et en promettant d'en allonger davantage si le besoin s'en fait sentir. Son intervention a permis pour l'instant de freiner les ardeurs du yen - une envolée comme celle qui a suivi le séisme de Kobé, en 1995, serait désastreuse pour les exportateurs japonais.

Les principaux indices européens et nord-américains ont clôturé en baisse hier. Sauf qu'au-delà des évidences - l'optimisme quant au secteur de la construction, le désaveu de tout ce qui touche au nucléaire, l'inquiétude au sujet des assureurs - les tendances demeurent incertaines. Les marchés ont peur de tout en ce moment, mais nous sommes loin d'être convaincus que la situation japonaise affectera toujours l'économie occidentale dans quelques mois.

Chose certaine, le coup porté à l'économie nippone sera sûrement moins grave que les prophètes de malheur l'ont prédit au moment du sinistre. La production du trimestre en cours sera évidemment affectée, mais la reconstruction qui s'ensuivra pourrait bien être le chantier qui sortira définitivement l'économie japonaise de sa torpeur.

La région sinistrée coûtera chère à reconstruire, mais elle génère une part somme toute limitée de l'économie japonaise. Plusieurs des usines fermées le sont par manque de courant, elles peuvent reprendre la production rapidement. L'ampleur du ralentissement dépendra surtout du temps nécessaire pour rétablir l'alimentation en électricité et les réseaux de transport. Si la situation nucléaire ne dégénère pas, évidemment.

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