S'il y a une leçon à retenir au terme du procès des coaccusés de Vincent Lacroix, c'est que le processus judiciaire ne constitue pas une réponse satisfaisante à la fraude financière. Efforçons-nous plutôt d'étouffer ces magouilles dans l'oeuf, avant qu'elles ne causent des torts irréparables.  

S'il y a une leçon à retenir au terme du procès des coaccusés de Vincent Lacroix, c'est que le processus judiciaire ne constitue pas une réponse satisfaisante à la fraude financière. Efforçons-nous plutôt d'étouffer ces magouilles dans l'oeuf, avant qu'elles ne causent des torts irréparables.  

Le feuilleton judiciaire Norbourg achève. L'épilogue nous renseignera sur les peines des complices Beugré et Cholette, trouvés coupables par le jury. Il nous dira aussi si l'ex-vérificateur Deschambault devra faire un autre tour de piste.

Ce deuxième procès se termine donc un peu mieux que le précédent, avorté pour cause de division du jury. Mais ce n'est pas un triomphe non plus.

Les jurés ont fait un travail admirable avec la matière aride et pointue qu'on a empilée devant eux. S'ils ont trouvé que cette preuve ne permettait pas de conclure hors de tout doute à la culpabilité de l'informaticien Souka et du consultant Renaud, c'est au terme d'une réflexion sérieuse et honnête, nous n'en doutons pas.

Il est toutefois difficile de croire, avec ce qu'on sait de la machine Norbourg, que ces deux-là n'ont joué aucun rôle. Leur acquittement, ajouté à l'immunité accordée aux délateurs Asselin et Simoneau, laisse un goût amer. Justice a été rendue, mais le sentiment de justice, lui, laisse à désirer.

Heureusement, les 9200 investisseurs spoliés n'attendaient plus après ça. Le règlement du recours collectif annoncé en janvier les a aidés à tourner la page. Mais la restitution, encore là, demeure incomplète. Les épargnants n'ont pas recouvré la totalité des sommes perdues, encore moins les années gâchées par cette affaire.

Quant aux procédures contre Vincent Lacroix, elles ont apporté frustrations sur déceptions. De l'impossibilité d'imposer une peine suffisante au pénal à la dénaturation de la sentence criminelle par la libération au sixième, l'ex-patron de Norbourg s'en est tiré à bon compte du début à la fin.

Si on pouvait réécrire ce feuilleton, on y ferait quelques corrections, en tenant par exemple le procès criminel avant le pénal. Mais ça ne changerait rien à la conclusion: le processus judiciaire, même exemplaire, ne répare pas les torts causés par une fraude financière.

C'est pourquoi il est si important d'intervenir rapidement en amont, pour limiter les dégâts, au lieu, comme dans le cas de Norbourg, d'ignorer les signaux inquiétants.

Des choses ont changé depuis. Québec a augmenté les ressources d'enquête et l'Autorité des marchés financiers paraît pas mal plus allumée que la CVMQ. Il faudra voir à l'usage si c'est suffisant.

Car l'après-Norbourg, c'est maintenant. Quelque part en ce moment, des bandits bien habillés tripotent les chiffres pour s'en mettre plein les poches. Combien de temps pourront-ils continuer leur petit manège avant d'être inquiétés? La réponse à cette question sera déterminante. C'est la clé de la dissuasion. Bien plus que n'importe quelle poursuite après les faits.

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