Le don d'organes ne suffit pas aux besoins. Des patients meurent sur les listes d'attente, d'autres prennent le risque d'une greffe illégale à l'étranger. Pour augmenter le nombre de donneurs, certains suggèrent d'offrir des incitatifs financiers. N'ayons pas peur du débat.

Le don d'organes ne suffit pas aux besoins. Des patients meurent sur les listes d'attente, d'autres prennent le risque d'une greffe illégale à l'étranger. Pour augmenter le nombre de donneurs, certains suggèrent d'offrir des incitatifs financiers. N'ayons pas peur du débat.

Nul n'est contre la vertu, mais la pratiquer, c'est autre chose. Même si 95% des Canadiens sont favorables au don d'organes, seulement 51% ont décidé de donner les leurs à leur décès.

S'il est si difficile de convaincre les gens de céder leurs reins lorsqu'ils n'en auront plus besoin, imaginez le travail pour les inciter à en donner un de leur vivant. Il le faudrait pourtant. Près de 4000 Canadiens attendent une greffe - un rein dans 70% des cas. Et le vieillissement de la population allongera encore les listes.

Le tourisme médical n'est pas une solution. Les miséreux qui bradent un rein (quand ils ne se le font pas voler) aggravent leur situation et les greffés reviennent souvent avec une infection.

Certains, dont le médecin américain Arthur Matas et le Nobel d'économie Gary Becker, suggèrent plutôt de créer des incitatifs financiers pour stimuler l'offre là où elle ne répond pas à la demande.

Un marché local? La perspective, même dans un cadre légal, suscite le malaise. Mandatée pour améliorer la gestion des dons et greffes, la Société canadienne du sang n'a même pas voulu entrouvrir cette porte. Normal, c'est un débat en soi. On aurait toutefois intérêt à y réfléchir. Pas pour créer un système où les moins nantis vendraient un rein au plus offrant. Pour trouver ce qui inciterait la population à participer davantage au don d'organes.

Prenez l'indemnité de 5700$ que Québec, à l'instar d'autres provinces, a instaurée pour les donneurs vivants. On reconnaît enfin que ce geste admirable occasionne des coûts, notamment en déplacements et en jours de travail perdus. Mais avec bien des réserves. Seuls les donneurs ayant épuisé leur banque de vacances et de congés de maladie sont admissibles à l'indemnité de revenu. Et les dépenses, très encadrées, nécessitent des factures. Une parcimonie d'autant plus étonnante qu'un greffé du rein, qui n'a plus besoin de dialyse, fera économiser des dizaines de milliers de dollars par an à l'État.  

Celui qui s'apprête à donner un rein à un très proche ne regardera pas à ces détails. Pour un membre de l'entourage qui aimerait faire un tel don, mais pense ne pas pouvoir se le permettre, par contre, l'indemnité pourrait peser dans la balance. Il y aurait moyen de la bonifier pour que, sans devenir une rétribution, elle rende le geste financièrement neutre pour le donneur.

La question des incitatifs devrait se poser aussi pour les dons cadavériques. Il ne s'agit pas d'offrir de l'argent, mais de trouver des moyens de vaincre les réticences. L'altruisme, visiblement, ne convainc qu'une partie des citoyens. Pour les autres, il va falloir imaginer autre chose.

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