Les restrictions au crédit hypothécaire imposées par Ottawa ne feront pas le bonheur de tous, mais elles sont nécessaires.

Les restrictions au crédit hypothécaire imposées par Ottawa ne feront pas le bonheur de tous, mais elles sont nécessaires.

Pour la troisième fois en trois ans, le ministre fédéral des Finances Jim Flaherty a resserré les conditions d'accès aux hypothèques résidentielles. Ce nouveau tour de vis laisse toutefois un débit bien suffisant dans le robinet.

Même raccourcie à 30 ans, la période d'amortissement maximale pour les nouvelles hypothèques reste au-delà de sa limite historique. Rappelons que c'est seulement en 2006 que la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), sous couvert d'élargir l'accès à la propriété, a commencé à assurer des prêts amortis sur plus de 25 ans. Et qu'il a fallu presque deux ans, et l'éclatement de la bulle immobilière américaine, pour que le gouvernement conservateur reprenne ses esprits et réduise la période d'amortissement assurable, qu'il avait laissé ballonner jusqu'à 40 ans.

Certes, la nouvelle limite fera augmenter les mensualités. À un taux de 4%, un prêt de 300 000$ sur 30 ans coûtera 105$ de plus par mois que s'il était amorti sur 35 ans. Sauf qu'au bout de 30 ans, le propriétaire aura versé presque 42 000$ de moins en intérêts aux banques. Un gain appréciable.

Mais cette mesure, comme les autres annoncées lundi, vise surtout à freiner l'endettement associé à l'immobilier résidentiel. Enfin!

Presque un tiers des nouveaux acheteurs ont opté pour un terme de 35 ans l'an dernier, estime l'Association canadienne des conseillers hypothécaires. Pas de doute, l'amortissement allongé contribue à l'accès à la propriété. Le hic, c'est qu'il incite aussi des gens à acheter au-delà de leurs moyens, ou alors qu'ils n'en ont pas les moyens. Les mensualités plus élevées sur 30 ans remettront les choses en perspective. Des consommateurs opteront pour une propriété moins chère, ou à attendront avant d'acheter.

Autre changement important, les institutions financières ne pourront plus obtenir de garantie gouvernementale pour les marges de crédit hypothécaires. Ce n'est que justice. Les contribuables n'ont pas à endosser les prêts à la consommation des ménages.

Ce type de crédit deviendra-t-il plus difficile d'accès? On en vient à le souhaiter, car il a beaucoup contribué à l'endettement des Canadiens. Les lignes de crédit et prêts garantis par l'avoir propre foncier ont bondi de 170% en 10 ans. Et pas seulement pour financer des rénos qui ont augmenté la valeur des propriétés, loin de là.

Qu'une partie de cette dette ait servi à investir ou à consolider d'autres dettes, passe encore. Mais emprunter sur la valeur de sa maison pour voyager ou s'offrir du luxe qu'on n'a pas le moyen de se payer est une habitude dangereuse.

Ces resserrements risquent de ralentir un peu le marché immobilier et la consommation. C'est un moindre mal. Ne rien faire pour freiner l'endettement à la veille d'une hausse des taux d'intérêt préparerait un choc bien plus brutal.

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