L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture a mis le monde en alerte cette semaine en annonçant que son indice du prix des aliments vient d'atteindre un nouveau sommet. Heureusement, on est encore loin de la crise de 2008.

L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture a mis le monde en alerte cette semaine en annonçant que son indice du prix des aliments vient d'atteindre un nouveau sommet. Heureusement, on est encore loin de la crise de 2008.

L'indice du prix des aliments de la FAO, établi à partir de 55 cotations de produits, a grimpé à 214,7 en décembre. On se souvient de la grave crise alimentaire mondiale qui avait accompagné le précédent record (213,8 en juin 2008). Et des émeutes qui avaient éclaté dans une trentaine de pays, dont Haïti, l'Égypte et le Cameroun, à cause de la flambée de prix des denrées de base. «Nous entrons dans une zone dangereuse», a prévenu l'économiste en chef de la FAO cette semaine.

On le sent en Amérique du Nord, où les prix de certains produits, comme le café, ont augmenté au cours des derniers mois. Des fabricants ont revu leurs étiquettes à la hausse ou, plus discrètement, réduit les formats.

Mais ce sont les habitants des pays pauvres, qui consacrent une part importante de leurs revenus à l'alimentation et n'ont pas les moyens de payer plus, qui risquent le plus d'en souffrir.

Des perturbations climatiques, comme les inondations en Australie et la sécheresse en Argentine, affectent les prévisions de récoltes et dopent les prix. Mais comme le soulignait le Financial Times cette semaine, la situation est pas mal moins dramatique qu'en 2008.

On le voit au cours du riz, l'un des principaux ingrédients de la sécurité alimentaire mondiale. Il se négocie actuellement à environ 535$ la tonne, presque moitié moins qu'en mai 2008.

Le blé, autre denrée critique, est en hausse, mais on est encore bien en deçà des sommets de 2010. De plus, les augmentations sont beaucoup moins spectaculaires dans des régions critiques comme l'Afghanistan et le Pakistan, qu'aux États-Unis. Les prix du maïs ont même diminué dans certaines parties de l'Afrique, une tendance inverse à celle observée sur les marchés mondiaux.

Sans oublier le pétrole qui, en grimpant jusqu'à 140$ le baril en 2008, avait fait bondir les prix des engrais et les coûts d'utilisation de la machinerie agricole. Il est en dessous de 90$ le baril ces jours-ci.

La valeur des contrats à terme pour le blé, le maïs et le soya a par ailleurs commencé à reculer aux États-Unis. Les prix atteints par ces denrées en 2010 sont peut-être en train de freiner l'appétit des marchés. On s'attend aussi à ce que les fermiers américains sèment davantage de blé cette année, ce qui enlèverait un peu de pression sur les prix.

Les tendances de fond demeurent. La croissance de la population mondiale et l'essor économique des pays émergents tirent la demande alimentaire mondiale vers le haut. Les changements climatiques accentuent l'incertitude des récoltes. Toutefois, malgré l'inflation des derniers mois, la situation est loin d'être aussi catastrophique qu'il y a deux ans.

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