Ça y est, la taxe de vente du Québec a augmenté d'un point de pourcentage. Rien de dramatique, mais c'est un irritant qui s'ajoute à toutes les autres mesures imposées par la province pour résorber son déficit. Québec aurait mieux fait de récupérer l'espace fiscal laissé vacant par les réductions de TPS, en 2007 et 2008. L'opération aurait été indolore et aurait généré des centaines de millions supplémentaires pour équilibrer les finances publiques.

La mesure, qui avait reçu plusieurs appuis, y compris de cette colonne, aurait amené 950 millions de plus par an dans les coffres de l'État, estimait-on alors. Et ce, sans alourdir le fardeau des contribuables. Hélas, le gouvernement Charest n'a pas saisi l'occasion.

Si nos finances publiques n'avaient pas eu besoin de cet argent, on aurait compris. C'était loin d'être le cas, même si l'économie tournait à plein régime.

La ministre Jérôme-Forget avait dit qu'elle garderait la réduction de TPS «dans ses poches» puisqu'elle était «une grande consommatrice». Réaction populiste d'un gouvernement plus soucieux de son capital politique que des finances du Québec.

Dommage. Au lieu de subir deux hausses de taxe provinciale, cette année et l'an prochain, les consommateurs auraient vécu, en 2007 et 2008, une simple substitution de la TPS à la TVQ, sans incidence sur leur portefeuille.

Évidemment, nous n'aurions pas vu l'effet des baisses de TPS sur les prix. Sauf que cet effet, comme nous l'avons déjà souligné, est limité. L'impact sur les dépenses quotidiennes est négligeable. Plusieurs entreprises ont d'ailleurs intercepté les sommes dégagées par ces réductions de taxe, ce qui leur a permis d'augmenter leurs prix sans qu'il n'y paraisse.

À la fin de l'année, le consommateur a quand même déboursé quelques centaines de dollars de moins sur le total de ses achats. Il n'est pas pour autant «plus riche de centaines de dollars», comme le prétendent les politiciens. Nous l'avons tous constaté: les dollars et les cents récupérés ici et là ne viennent pas gonfler le compte d'épargne. Ils sont absorbés au fur et à mesure dans les dépenses quotidiennes.

Le mouvement inverse n'est pas plus dramatique. À part pour des biens très coûteux, comme une voiture ou une résidence neuve, la hausse d'un point de TVQ que nous venons de subir, comme celle de l'an prochain, ne changera pas grand-chose à vos factures. Un achat de 100$ avant taxes verra ainsi sa facture majorée de 1,05$. Désagréable, mais pas assez pour influencer la décision d'acheter ou non.

L'ennui, c'est que cette hausse arrive à un bien mauvais moment. Elle s'ajoute aux multiples ponctions imposées cette année - nouvelle «contribution santé» de 25$, augmentation de la taxe sur l'essence, hausse de la cotisation à l'assurance parentale, pour n'en nommer que quelques-unes. Il y a quelques années, la TVQ aurait pu être augmentée sans douleur. Aujourd'hui, elle ajoute à notre impression d'être assaillis de toutes parts.

akrol@lapresse.ca

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