Les médicaments que vous prenez ou dont vous aurez peut-être besoin un jour ont d'abord été testés par des essais cliniques. Or, l'approbation et l'encadrement de ces essais deviennent de plus en plus lourds, complexes et onéreux, dénonce la communauté scientifique. Un cri d'alarme qui doit être entendu, sans quoi nous risquons de nous priver de traitements essentiels.

Les médicaments que vous prenez ou dont vous aurez peut-être besoin un jour ont d'abord été testés par des essais cliniques. Or, l'approbation et l'encadrement de ces essais deviennent de plus en plus lourds, complexes et onéreux, dénonce la communauté scientifique. Un cri d'alarme qui doit être entendu, sans quoi nous risquons de nous priver de traitements essentiels.

«Au milieu des années 90, il nous a fallu environ six mois et 300 000 $US pour mettre en place un essai dans plus de 200 centres répartis dans 20 pays. Aujourd'hui, il faut quatre à cinq fois plus de temps et cinq à 10 fois ce financement pour entreprendre un essai comparable», témoignait récemment le scientifique canadien Salim Yusuf dans la revue Clinical Trials. Et rien n'indique que les patients soient mieux protégés ou les essais plus valides aujourd'hui, souligne ce professeur de l'Université McMaster qui a supervisé plusieurs essais cliniques d'envergure mondiale.

Il n'est pas le premier à sonner l'alarme. Dans le même numéro, un chercheur du Minnesota montre comment les exigences réglementaires américaines et européennes ont occasionné des pertes de temps et d'argent considérables dans deux grands essais internationaux portant sur des traitements du VIH. L'un a été retardé d'un an. L'autre a dû suspendre le recrutement des sujets durant plusieurs mois. C'est très préoccupant.

Il ne s'agit pas de jouer avec la santé et la sécurité des participants. L'époque où le Dr Cameron pouvait administrer LSD et électrochocs à volonté à des patients montréalais est révolue. On ne retournera pas en arrière, ne serait-ce que d'un pas. Toutefois, il y a lieu de s'interroger sur certaines règles qui compliquent inutilement la recherche.

Le Journal de l'Association médicale canadienne a lui aussi livré un vibrant plaidoyer en ce sens en avril dernier. Les auteurs s'inquiétaient de la baisse du nombre d'essais cliniques sur le cancer et de participants à de tels essais, en Europe et en Ontario. Ça veut dire moins de nouveaux traitements pour les malades, soulignaient-ils.

La nécessité d'obtenir l'approbation d'une multitude de comités d'éthique locaux, les exigences quant au signalement d'événements indésirables, les discordances entre les pays, les obligations en matière d'assurance: autant de normes qui, sans améliorer la qualité des essais cliniques, en augmenteraient les coûts et la complexité. Au point, selon les chercheurs, d'en tuer certains dans l'oeuf.    

Des changements doivent être envisagés. Notamment, des règles internationales communes, la possibilité de faire affaire avec un seul comité d'éthique par pays et des ajustements au faible niveau de risque de certains essais - ceux de phase IV sur des traitements déjà commercialisés, par exemple.

Il ne s'agit pas, répétons-le, de mettre les participants en péril ou de faire approuver des médicaments dangereux. Simplement de réaliser qu'on ne sert personne en s'accrochant à des façons de faire contre-productives.

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