L'Ontarienne Trudy Moore pensait faire un usage très sécuritaire des techniques de procréation assistée. La mère porteuse qu'elle avait choisie était une parente très proche, le sperme venait de son mari, le médecin jouissait d'une excellente réputation. Sa fille aura bientôt 3 ans. Sauf qu'elle ignore qui en est le père biologique.

L'Ontarienne Trudy Moore pensait faire un usage très sécuritaire des techniques de procréation assistée. La mère porteuse qu'elle avait choisie était une parente très proche, le sperme venait de son mari, le médecin jouissait d'une excellente réputation. Sa fille aura bientôt 3 ans. Sauf qu'elle ignore qui en est le père biologique.

Mme Moore et son mari, Matthew Guest, poursuivent le Dr Norman Barmin pour 1,75 million de dollars. Ils veulent savoir de qui provient le sperme utilisé lors de l'insémination. Et si celui que M. Guest avait donné pour concevoir son enfant a été utilisé avec d'autres femmes. Un cauchemar qui nous interpelle tous : les techniques de reproduction assistée ne sont pas aussi banales qu'on veut bien le croire.

Ce genre de cas, évidemment, est rarissime. Et pourtant... Mme Slinn, une autre patiente du Dr Barwin, a découvert l'an dernier que le sperme avec lequel elle avait été inséminée, et qui lui a permis d'avoir sa fille de 5 ans, n'était pas celui du donneur #3168 qu'elle avait choisi. Par pur hasard, raconte le Globe and Mail. Inscrite à un registre de parents ayant eu recours au même donneur, elle a été contactée par Mme Moore, qui soupçonnait que le sperme utilisé pour sa fille puisse provenir du même homme. Les tests génétiques ont révélé qu'aucune des deux fillettes n'était reliée au #3168! Mme Slinn réclame 1,25 million, et l'identité du géniteur de sa fille, au médecin d'Ottawa.

Les deux femmes avaient pourtant choisi un professionnel expérimenté, et réputé. Le Dr Barwin a notamment reçu l'Ordre du Canada et un doctorat honorifique de Carleton pour ses travaux.

Le problème, c'est que le Canada n'a pas de mécanismes pour éviter de tels drames. Ni de système permettant de démêler l'écheveau en cas d'erreur.

La loi fédérale sur la procréation assistée prévoit la création d'un registre confidentiel contenant de l'information sur les donneurs, les patients et les enfants issus de ces techniques. Mais six ans après l'adoption de cette loi, on attend encore la réglementation qui précisera le type de renseignements à inscrire dans ce registre.

Tout est sur la glace en attendant que la Cour suprême se prononce sur la constitutionnalité de la loi, contestée par le Québec. Québec attend aussi cette décision avant de créer son propre registre. Espérons qu'il y travaille déjà. Sa décision de payer les traitements de procréation assistée va faire bondir le nombre d'interventions, et les possibilités de dérapage. Il est urgent d'implanter des mécanismes de contrôle et de suivi efficaces.

Hélas, nous avons été plus prompts à commercialiser les techniques de reproduction qu'à les baliser. Il est grand temps de rajuster le tir. Car il ne s'agit pas d'interventions mineures, mais de gestes médicaux lourds de conséquences.

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