Montréal a entendu les doléances de ses chauffeurs de taxi. Sa commission sur le transport tiendra des séances publiques sur le sujet à l'automne. Attention : tout avantage consenti à l'industrie devra amener des engagements à rehausser la qualité du service.

Montréal a entendu les doléances de ses chauffeurs de taxi. Sa commission sur le transport tiendra des séances publiques sur le sujet à l'automne. Attention : tout avantage consenti à l'industrie devra amener des engagements à rehausser la qualité du service.

Des chauffeurs qui font un salaire de misère, se piquent des clients ou dénoncent la «concurrence» du Bixi et de la ligne d'autobus 747 vers l'aéroport. Non, l'industrie montréalaise du taxi ne va pas bien.

La commission permanente sur le transport se penchera sur le sujet, a annoncé le maire Tremblay au conseil municipal, lundi dernier. Bonne idée. Les taxis font partie intégrante de la dynamique de la ville, on n'a pas intérêt à laisser la situation se dégrader.

Bonne idée aussi de ne pas se limiter au point de vue de l'industrie, et d'entendre tous ceux qui ont quelque chose à dire sur la question. Comme l'exercice n'aura pas lieu avant le mois d'octobre, il sera important que la commission publicise sa consultation et s'assure de la participation la plus large possible. Il faudra prévoir un moyen simple, comme une adresse de courriel, pour recueillir les commentaires des consommateurs qui n'auront pas le temps d'écrire un mémoire ou d'aller aux séances publiques.

Oui, il se peut que la popularité du Bixi et la mise en service de la navette aéroportuaire de la STM affectent la demande de taxi. Mais ce n'est pas une raison pour réduire ou modifier l'offre de ces services. Le développement du transport en commun et des transports actifs comme le vélo ou la marche doit demeurer une priorité à Montréal, et n'a pas à être négocié avec des individus ou des entreprises à vocation commerciale. Accepterait-on de réduire les heures d'ouverture des bibliothèques publiques si les libraires se plaignaient de ne plus vendre de livres?

Quand le tourisme et l'activité économique locale tournent au ralenti, il est normal que les taxis soient moins en demande. Mais même quand l'économie roulait à fond de train, avant la crise de l'automne 2008, beaucoup de chauffeurs se plaignaient d'avoir du mal à joindre les deux bouts. Y a-t-il trop de taxis sur l'île? Il faut se poser la question, et voir si Québec ne devrait pas racheter des permis.

Mais avant de recourir à des fonds publics, d'autres questions s'imposent. Si les revenus que procure la conduite d'un taxi ont tellement chuté, pourquoi le tarif pour louer un véhicule et le prix des permis ne s'ajustent-ils pas à la baisse? Pourquoi des chauffeurs qui ne sont pas propriétaires et n'ont aucun lien d'emploi s'entêtent-ils dans cette activité s'ils n'y trouvent pas leur compte? Le taxi est une industrie de travailleurs autonomes. Si ceux-ci prennent de mauvaises décisions d'affaires, on ne peut rien pour eux.

Il faut trouver des façons intelligentes d'aider le secteur, et exiger que celui-ci rehausse ses critères de qualité en retour. Il y a encore trop de véhicules négligés et de chauffeurs égarés à Montréal.

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