Les patients souffrant de dépression majeure ont une nouvelle option de traitement: les oméga-3. Malheureusement, la recherche sur les produits de santé naturels du genre demeure très difficile à financer.

Les patients souffrant de dépression majeure ont une nouvelle option de traitement: les oméga-3. Malheureusement, la recherche sur les produits de santé naturels du genre demeure très difficile à financer.

L'étude qui vient d'être publiée dans le Journal of Clinical Psychiatry est la première à mesurer l'effet des oméga-3 sur autant de patients dépressifs. Bien que la prise de trois capsules par jour n'ait pas aidé tous les participants, ceux qui ne souffraient pas de trouble d'anxiété ont vu leur état s'améliorer de façon significative, constatent les spécialistes du Centre de recherche du CHUM.

C'est une bonne nouvelle, car les antidépresseurs courants, comme l'Effexor, le Celexa ou le Paxil, ne conviennent pas à tous. Certains n'en tirent aucun bienfait, d'autres n'en tolèrent pas les effets secondaires et plusieurs, enfin, sont réfractaires aux médicaments sous ordonnance. La capsule d'oméga-3 ajoute une arme de plus à l'arsenal chimique des psychiatres.

Le produit a beau être en vente libre, les chercheurs déconseillent vivement l'automédication. Pas parce que les oméga-3 sont dangereux - l'étude, qui excluait les allergiques au poisson, n'a pas décelé d'effets secondaires graves. Mais parce que la dépression majeure est un problème sérieux, qui augmente le risque de suicide et nécessite un suivi professionnel.

D'autres recherches seraient utiles, notamment pour vérifier l'efficacité des oméga-3 sur une période plus longue que les huit semaines de l'étude. Et pour voir si des critères de sélection plus étroits, comme ceux qu'une société pharmaceutique utiliserait pour tester un nouvel antidépresseur, ne feraient pas davantage ressortir les effets bénéfiques de cette substance.

En effet, plus de 80 % des participants à l'étude auraient été exclus d'un essai clinique de phase III conventionnel, soulignent les auteurs. Les patients qui souffrent de dépression chronique ou de troubles d'anxiété, qui suivent une psychothérapie ou qui prennent déjà un antidépresseur ou un psychotrope ne sont généralement pas retenus à cette étape cruciale visant à obtenir l'approbation des autorités réglementaires.

Le potentiel des oméga-3 mérite d'être exploré. Hélas, les études rigoureuses, publiables dans des revues évaluées par les pairs, coûtent cher. Une pharma a intérêt à financer les essais cliniques qui lui permettront de vendre son médicament. La dynamique n'est pas la même dans les produits santé naturels, où le fabricant ne peut pas obtenir de brevet exclusif. Dans ce cas-ci, la fondation du CHUM et son Centre de recherche ont dû compléter les fonds alloués par un manufacturier d'oméga-3.

Pourtant, on a tout intérêt à connaître les effets des produits de santé naturels. Il serait important que les fabricants se mettent ensemble pour appuyer ce type de recherches, et que les organismes subventionnaires y réservent une partie de leurs budgets.

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