Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage. C'est le sort qu'a connu la construction traditionnelle dans le projet de Centre de recherche du CHUM. Plombé par des calculs erronés, ce mode de réalisation a été coulé à pic au profit de la formule PPP. Pourtant, c'est ce qui aurait coûté le moins cher, nous apprend le vérificateur général du Québec, Renaud Lachance. Qu'attend-on pour rajuster le tir?

Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage. C'est le sort qu'a connu la construction traditionnelle dans le projet de Centre de recherche du CHUM. Plombé par des calculs erronés, ce mode de réalisation a été coulé à pic au profit de la formule PPP. Pourtant, c'est ce qui aurait coûté le moins cher, nous apprend le vérificateur général du Québec, Renaud Lachance. Qu'attend-on pour rajuster le tir?

Le vérificateur parle d'une «erreur de conception importante» dans la comparaison entre les modes PPP et traditionnel. Une erreur grossière. Infrastructure Québec, qui remplace l'agence des PPP, a supposé qu'un centre de recherche construit en mode conventionnel serait mal entretenu. Au vu de nos infrastructures publiques, c'est plausible. Ce qui l'est moins, c'est l'ampleur présumée de cette négligence. Un an après son inauguration, le Centre serait dégradé de 20%. Après 30 ans, son indice de vétusté atteindrait 66%. Pourquoi pas un squat, tant qu'à y être?

Ça n'a aucun sens. Dans les pires cas, l'État a laissé les bâtiments se dégrader de 15 à 20% en 30 ans, souligne le vérificateur. Même avec un tel degré de laisser-aller, le mode conventionnel nous aurait fait économiser au moins 10,4 millions de dollars, dit-il.

Infrastructure Québec jure que l'erreur n'est pas intentionnelle. N'empêche, elle est tellement énorme qu'elle renforce l'impression que ce gouvernement a voulu privilégier le mode PPP à tout prix. «Si en cours de route il advenait que les avantages n'étaient plus au rendez-vous, le gouvernement prendra ses responsabilités», a répondu hier la présidente du Conseil du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay.

Que lui faut-il de plus? Une calculatrice? Elle pourrait s'en servir pour réévaluer les dossiers du Centre de recherche du CHUM et de l'hôpital universitaire de McGill (CUSM), qui ont subi des changements majeurs depuis un an. Et pas nécessairement à l'avantage du mode PPP.

Qu'on pense au financement, dont Québec assumera une plus grande partie en acquittant presque la moitié des coûts à la date de réception provisoire, plutôt que d'étaler tous les paiements sur 30 ans. Et à toutes les modifications apportées dans les nouvelles propositions déposées en début d'année.

Plus de 400 dérogations ont été accordées aux consortiums pour leur permettre de réduire les coûts. Le vérificateur cite au moins deux exemples qui feront augmenter les frais d'exploitation du Centre de recherche à long terme. L'exigence d'efficacité énergétique a été abaissée, ce qui fera gonfler la facture d'électricité. Et le partenaire privé remplacera les équipements fixes durant les 15 premières années seulement, les laissant à la charge du Centre durant les 15 suivantes.

«À notre avis, les analyses de la valeur auraient dû être reprises (...) afin de justifier le maintien du PPP pour les deux projets», souligne Renaud Lachance dans son rapport. On attend les chiffres. Et les décisions qu'ils imposeront.

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