La performance de la Caisse de dépôt et placement au cours des six derniers mois de 2009 laisse filtrer une lueur d'espoir. L'institution semble bien positionnée pour retrouver la voie de la croissance. Cependant, ses résultats montrent à quel point les effets de mauvaises décisions mettent du temps à s'estomper.

Le rendement de 10% dégagé durant la deuxième moitié de l'année contraste heureusement avec le recul catastrophique de 25% enregistré en 2008. Il est toutefois bien en deçà de l'indice de référence (14,1%). Un écart imputable pour moitié au portefeuille de dettes immobilières, qui abrite des activités à haut risque comme les fameux prêts mezzanine. Michael Sabia a beau vouloir éviter ces produits à l'avenir, il doit vivre avec les décisions prises avant son arrivée.

 

Autre facteur contributif: la lenteur de la Caisse à revenir sur les marchés boursiers, qui lui a fait manquer une partie du rebond. Oui, cette hésitation-là s'est produite en 2009. Sauf qu'elle aurait coûté pas mal moins cher si la position de départ n'avait pas été aussi dégarnie. En début d'année, seulement 22% du portefeuille global se trouvait dans les marchés boursiers, un déséquilibre hérité de la grande liquidation de la fin 2008.

Le nouveau patron avait bien préparé le terrain. L'annonce d'une croissance nulle pour la première moitié de 2009, ainsi que la tournée des médias effectuée il y a un mois, avaient réduit les attentes au minimum. Le rendement annoncé jeudi, bien qu'inférieur à l'indice de référence et au rendement médian des institutions comparables, n'a donc surpris personne.

La Caisse a tiré une leçon de ses erreurs, assure son président. On est heureux d'entendre qu'elle va désormais préférer la performance à long terme aux coups d'éclat annuels, se concentrer sur ses forces et éviter comme la peste les produits financiers trop complexes qu'elle ne maîtrise pas. Sauf que ce sont des principes élémentaires. Une institution qui gère les avoirs de régimes de retraite n'aurait jamais dû avoir à payer pour les apprendre. Surtout cette institution-là, qui n'a jamais caché la haute opinion qu'elle avait d'elle-même. Et l'on n'a pas fini de rembourser la facture de cette leçon inutile. L'actif net de la Caisse a beau s'être accru de 11,5 milliards l'an dernier, il est encore 8% en dessous du niveau de 2006.

«Nous travaillons d'arrache-pied pour que 2008 ne soit plus qu'un lointain souvenir», a déclaré Michael Sabia en conférence de presse. Si la nouvelle stratégie qu'il a élaborée avec son équipe est la bonne, et produit des rendements acceptables pour les déposants, le carnage de 2008 deviendra un point de plus en plus distant dans le rétroviseur, jusqu'à en disparaître complètement.

Espérons toutefois que ce cuisant souvenir restera gravé pour de bon dans la mémoire de la Caisse. Les Québécois ne devraient plus jamais avoir à payer pour ce genre de leçons particulières.

akrol@lapresse.ca

 

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