Nos sacs verts pèsent trop lourd. Plus de 800 kg par personne par an en moyenne. C'est qu'une grande partie de leur contenu n'a rien à faire au dépotoir. Beaucoup de ces prétendus déchets devraient plutôt être récupérés, recyclés ou traités dans un centre de matières organiques. Bientôt, promet la ministre de l'Environnement. On ne demande qu'à être convaincus.

Line Beauchamp voit grand. D'ici cinq ans, nos sacs à ordures auront perdu presque 15% de leur poids. Nos épluchures et nos résidus de jardinage seront transformés en combustible et en compost. Les piles, les appareils électroniques et les ampoules fluocompactes seront récupérés par les fabricants. Et le secteur privé assumera tous les coûts du recyclage.

 

Il y a beaucoup de bonne volonté dans la nouvelle Politique de gestion des matières résiduelles présentée cette semaine. Un souci de pragmatisme aussi. On ne se contente pas de fixer des objectifs de réduction. On indique comment, concrètement, on s'y prendra pour les atteindre. Reste à voir si le financement et les échéanciers sont réalistes. Cinq ans, ça ne laisse pas beaucoup de marge de manoeuvre. Québec se dit prêt à dépenser 650 millions de dollars pour construire des usines de traitement des matières organiques. C'est beaucoup d'argent, mais est-ce que ce sera assez pour desservir toute la province? Il faudra s'en assurer. Et ne pas hésiter à étaler les projets dans le temps. Il n'y a rien comme une surchauffe de la demande pour faire monter les prix.

On sent aussi une volonté de donner l'exemple dans les appels d'offres et les achats publics. Sauf qu'on la voudrait beaucoup plus ferme. Le pouvoir d'achat du gouvernement doit être utilisé pour encourager les fournisseurs à bien gérer leurs matières résiduelles, mentionne la ministre dans son plan d'action. Encourager? Du nerf, bon sang! Si le l'État québécois n'est pas un assez gros client pour dicter ses conditions, on se demande bien qui le fera.

«D'ici 2011, le gouvernement publiera un rapport précisant les biens, services et activités (...) qui sont susceptibles d'être assujettis», précise le document. Au diable le rapport! Québec doit imposer les meilleures pratiques, et rapidement. Des travaux d'infrastructure majeurs vont être entrepris au cours des prochaines années. L'industrie de la construction est assez efficace dans la récupération de certains matériaux, mais pour d'autres, il lui reste encore pas mal de progrès à faire. C'est l'occasion où jamais de prendre de bonnes habitudes.

Le terme déchet a pratiquement été banni du vocabulaire du ministère de l'Environnement. On parle maintenant de matières résiduelles ou, plus optimiste encore, de ressources valorisables. Effectivement, mieux vaut récupérer ce qui peut l'être que de polluer en l'enfouissant. Mais quel que soit le nom qu'on donnera à nos détritus, il faudra toujours payer pour s'en débarrasser.

 

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