D'abord les fleurs. Après des années d'efforts, les Québécois ont réussi à renverser la tendance. Nous recyclons et récupérons désormais plus que nous ne jetons. Mais le pot, compost inclus, suit de très près. Les cibles que nous visions il y a 10 ans ne sont toujours pas atteintes. Et il n'y a pas de progrès significatifs à espérer tant qu'on ne s'en donnera pas les moyens.

La Politique québécoise de gestion des matières résiduelles a raté son principal objectif, pourtant très raisonnable. En 2008, 65% des résidus récupérables... auraient dû être récupérés. Dix ans d'efforts n'ont pas suffi. L'an dernier, on n'était encore qu'à 57%, indique Recyc-Québec dans son plus récent bilan.

 

Certaines lacunes peuvent se corriger rapidement. Par exemple, nombre d'immeubles à logements ne sont pas encore desservis par la collecte sélective. Résultat, le taux de récupération de cette catégorie d'habitation est presque deux fois moins important que celui des maisons unifamiliales. Et que dire des lieux publics où l'on ne trouve aucun réceptacle pour le recyclage? Bien des gens trieraient leurs déchets dans ces endroits si on leur en donnait la possibilité. Qu'attend-on pour canaliser cette bonne volonté?

Cela dit, si on veut réduire l'afflux d'ordures ménagères de façon importante dans les dépotoirs, on n'aura pas le choix. Il va falloir s'occuper des résidus organiques. Les épluchures et les sous-produits du jardinage représentent en effet presque la moitié du poids du sac vert. Le gain potentiel est énorme.

On peut retenir une partie de ces résidus à la source, en incitant les citoyens à composter tout ce qui peut l'être et à laisser leur gazon coupé au sol. Mais ces gestes individuels ont des limites, surtout en ce qui concerne les feuilles mortes et les déchets alimentaires. Tout le monde n'a pas besoin ou envie d'avoir du compost. Bien des citoyens, et pas seulement ceux qui habitent en appartement, n'ont aucun incitatif à se lancer dans la production artisanale d'humus. Tant que les municipalités n'instaureront pas de collectes pour ces matières, elles continueront à accroître la pression sur les sites d'enfouissement. Comme celui de Lachenaie, agrandi au grand dam de ses voisins pour soulager les Montréalais de leurs rebuts. Un choix absurde au point de vue environnemental et injustifiable au plan social.

Il y a aussi des gains importants à aller chercher du côté des entreprises et des organisations, mais leur situation est trop différente de celle des ménages pour que nous l'abordions en détail ici.

La politique actuelle étant arrivée en terme l'an dernier, Recyc-Québec nous en promet une nouvelle pour bientôt. Espérons qu'on aura retenu les leçons de la dernière décennie. Qu'on nous donne des cibles, oui, mais surtout des moyens concrets pour les atteindre.

 

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