Officiellement, Saint-Luc, Notre-Dame et l'Hôtel-Dieu ne forment qu'un seul beau grand Centre hospitalier universitaire. La réalité de ceux qui le fréquentent est tout autre. Lisez le récit percutant de notre collègue Michèle Ouimet, publié aujourd'hui et demain dans La Presse. On reste sans voix devant les problèmes causés par le saucissonnage du CHUM.

La concentration de la cardiologie à l'Hôtel-Dieu, de la neuro à Notre-Dame et de l'urologie et de la gynéco à Saint-Luc cause une foule de maux de tête. Dossiers incomplets, patients promenés d'un établissement à l'autre, médecins forcés de faire la navette... La perte de temps, d'énergie et d'efficacité dans les soins est ahurissante. Sans oublier les coûts engendrés par le roulement de personnel. Combien de médecins, d'infirmières et d'autres employés ont fui cette situation dysfonctionnelle au cours des dernières années? Et on ne parle même pas des fortunes dépensées en taxis et en ambulances pour transporter les malades, souvent dépassés, d'un bout à l'autre de la ville.

Certains regrettent le temps où chacun des trois hôpitaux était indépendant et offrait une gamme complète de services. C'est oublier que le problème ne vient pas du regroupement des spécialités dans un même CHU, mais de l'absence de toit commun pour les abriter. Si on avait respecté le premier échéancier annoncé en janvier 2000, on ne parlerait plus du futur CHUM, mais d'un hôpital moderne qui accueille déjà les patients.

Au lieu de ça, on a remanié le projet 10 fois, en paniquant chaque fois devant l'escalade des coûts. Sauf qu'il y a des coûts financiers et humains considérables à disperser les soins, les malades et le personnel en trois sites désuets. Ces coûts, on les a toujours sous-estimés. Avec le résultat que cette organisation bancale et contreproductive s'est perpétuée bien au-delà du raisonnable.

Québec nous promet maintenant une livraison finale en 2018. Pour l'instant. Les possibilités de retard demeurent nombreuses. On attend toujours la première vraie pelletée de terre non protocolaire. Pas étonnant qu'autant de Montréalais parlent du futur CHUM comme d'une espèce de gag récurrent, et non comme d'un projet qu'ils verront aboutir de leur vivant.

En attendant, les patients et ceux qui les soignent vont continuer à faire les frais de cet éparpillement sur trois sites. Et l'ensemble des contribuables à en acquitter la facture. Il n'y a pas que la construction qui coûte cher. Le statu quo aussi a un prix. Espérons que Québec va enfin en tenir compte et appuyer sur le champignon. Car chaque nouveau délai contribue à prolonger cet écartèlement intolérable. Ils sont déjà plusieurs à en partager la responsabilité.

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