Les gorilles, même chantants et dansants, n'ont pas le droit d'aller faire de la pub dans les garderies. Le fabricant alimentaire Saputo vient finalement de le reconnaître, en acceptant de verser 44 000$ d'amende. Souhaitons que le reste de l'industrie entende le message.

On se souvient à quel point le lancement des petits gâteaux Igor avait choqué il y a deux ans. Échantillons, concours, chorégraphie, Saputo avait mis le paquet pour séduire les enfants dans les milieux de garde. Grosse erreur. La pub aux moins de 13 ans est interdite depuis près de 30 ans au Québec. Même lorsqu'elle prend des formes qui n'existaient pas il y a 30 ans.

 

L'entente annoncée hier matin est une grande victoire pour l'Office de protection du consommateur (OPC). C'est la première fois, depuis que la Cour suprême a envoyé paître le manufacturier de jouets Irwin, que l'Office a dû recourir aux tribunaux pour faire respecter son interdit sur la pub aux enfants. Ce ne sera pas la dernière.

L'OPC a aussi entamé des poursuites contre Burger King, McDonald's et General Mills pour des motifs semblables. Ce dernier cas est particulièrement intéressant, car il vise un site internet destiné à promouvoir les Lucky Charms, ces céréales pour enfants parsemées de guimauves colorées. Or, si la loi québécoise est généralement respectée dans les médias traditionnels, il en va tout autrement sur l'internet. Les sites qui invitent les jeunes à jouer avec leurs marques et leurs produits se sont multipliés au cours des dernières années.

Il est exaspérant de voir que des entreprises reconnues, qui n'oseraient jamais défier ouvertement la loi en achetant 30 secondes de pub dans une émission pour enfants, déploient autant de ruses pour les rejoindre autrement. Et que l'OPC soit encore obligée de retourner en cour pour défendre sa loi. Espérons que ces démarches permettront de clarifier la question une fois pour toutes. Les enfants ont le droit de grandir dans un monde où les gorilles n'ont rien à leur vendre.

akrol@lapresse.ca

 

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