Soutenir l'automobile, c'est bien beau, mais il ne faudrait pas oublier l'industrie forestière. Tel est le message qu'a envoyé, en termes polis, l'Association des produits forestiers du Canada (APFC) au ministre fédéral des Finances cette semaine. D'accord. Il faudra toutefois s'assurer que les fonds publics ne servent pas à perpétuer un modèle dépassé, mais aident au contraire le secteur à se réinventer.

Les déboires de l'industrie forestière ne datent pas d'hier. Ils ont commencé avant ceux des constructeurs automobiles, et bien avant cette crise financière qui force les États occidentaux à voler au secours du privé. Mais un mal semblable ronge les deux secteurs. La baisse de la demande à laquelle ils font face n'est pas seulement conjoncturelle. Elle est aussi le résultat de leur incurie et de leur manque de vision. La reprise ne suffira pas à faire redémarrer leurs usines à plein régime. Pour pouvoir en profiter, les deux secteurs devront avoir développé des produits et des façons de faire qui répondront aux nouvelles attentes de la clientèle.

 

Le gouvernement Harper, qui avait déjà promis de voler au secours de l'industrie automobile, semble désormais prêt à tendre la main au secteur forestier. C'est en tout cas ce qu'ont laissé entendre les ministres Tony Clement et Jim Flaherty au cours des derniers jours. Le besoin est réel. L'industrie forestière emploie environ 300 000 personnes. C'est davantage que les secteurs automobile et bancaire réunis, souligne l'APFC. Et l'on peut croire ce lobby quand il affirme que d'autres usines fermeront si Ottawa ne bouge pas le petit doigt.

L'APFC a eu la bonne idée de condenser sa liste d'épicerie en cinq points et d'y inclure des éléments de changement. Elle demande par exemple de l'aide pour investir dans la R&D et le développement d'une «bioéconomie» forestière orientée vers la production de biocarburants et de produits biochimiques innovants. Effectivement, il est grand temps de trouver d'autres débouchés pour nos arbres que les «2X4» et le papier journal!

L'organisation demande aussi à Ottawa de continuer à soutenir la mise en marché à l'étranger, de faciliter l'accès au crédit pour ses membres et de reconduire son programme de travail à temps partagé pour les travailleurs. Tout cela paraît assez pertinent. D'autres demandes, comme l'allongement de la période durant laquelle une entreprise peut déduire ses pertes de ses impôts, devront toutefois être évaluées avec grand soin.

Jim Flaherty dispose encore de plus d'un mois pour fignoler son budget du 27 janvier. Qu'il en profite pour élaborer un plan d'aide rigoureux, conditionnel à l'atteinte de résultats précis, qui contribuera vraiment au redressement des secteurs ciblés. Après avoir nié la gravité de la situation économique au-delà du raisonnable, et provoqué la crise politique que l'on sait, le gouvernement Harper semble désormais disposé à lâcher beaucoup de lest. Ce n'est toutefois pas une raison pour balancer toute rigueur par-dessus bord.

akrol@lapresse.ca

 

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