Maxime Rémillard, l'un des deux proprios de Remstar, a rencontré les médias cette semaine pour expliquer sa vision du réseau TQS. Bonne idée, parce que ça n'est pas encore évident à l'écran.

Un réseau généraliste devrait offrir des bulletins d'informations originales, nous l'avons maintes fois souligné. Remstar a jugé qu'elle n'arriverait jamais à rentabiliser TQS en gardant ses salles de nouvelles ouvertes. C'est dommage, mais l'affaire est close. On ne passera pas les sept prochaines années de la licence à se lamenter sur ce qu'on ne voit plus à l'écran. Il faut voir ce que l'antenne apportera dans le paysage télévisuel.

Pour l'instant, TQS n'est que l'ombre de ce qu'elle a déjà été, aussi bien du point de vue de la programmation que des cotes d'écoute. Le premier élément pourrait s'étoffer un peu cet hiver, mais pour vraiment savoir où s'en vont les nouveaux actionnaires, il faudra attendre encore presque un an, en septembre 2009. Pour l'audimètre, par contre, il va falloir se faire une raison. TQS se retire de la course au grand public (le traditionnel groupe des deux ans et plus) pour se concentrer sur les 18-49 ans. Un peu comme ces piliers de taverne qui découvrent un jour avec stupéfaction que leur antre est devenu un bar branché, il y a des téléspectateurs qui vont faire le saut. Et qui ne reviendront pas. Quand on veut rajeunir sa clientèle, il faut s'attendre à ça et Remstar se dit prête à s'assumer. C'est un bon début.

Que cherchent les 18-49 ans au petit écran? Du divertissement avant tout, nous a dit Maxime Rémillard en entrevue. On entend déjà les grincements de dents. Nombreux sont ceux qui considèrent encore que la télé se doit d'enrichir l'esprit des masses, et que les diffuseurs ont des responsabilités à cet égard. Un recadrage s'impose. La majorité des foyers sont câblés et sont abonnés à des chaînes spécialisées. Une grande proportion a aussi l'accès à l'internet. Ils ne dépendent donc plus des diffuseurs généralistes pour satisfaire leur intérêt pour la culture, la science ou l'histoire.

Rappelons aussi qu'on ne parle pas d'enfants ni d'ados, mais de 18-49 ans. Des gens qui étudient, travaillent, s'occupent de leur famille, souvent les trois en même temps. Il ne faut donc pas s'étonner qu'en ouvrant la télé, ils recherchent d'abord du divertissement. Sauf que les 18-49 ans ne forment pas un bloc monolithique. Une émission comme Scrap Métal va peut-être attirer un nouvel auditoire, mais ce n'est pas ce qui convaincra les jeunes professionnels de revenir en masse à TQS. Les nouveaux propriétaires vont devoir faire la démonstration de ce qu'ils entendent par divertissement.

Pour voir de l'argent à l'écran, il faudra regarder des traductions américaines (Californification, The Mentalist, Wipeout) parce que les proprios veulent des émissions à coûts raisonnables. Ce n'est pas un obstacle au talent, comme on le sait au Québec. Au cinéma, Remstar s'est associé à des productions de qualité, dont Elles étaient cinq et Le secret de ma mère. Maxime Rémillard rêve de commander des téléfilms à de jeunes réalisateurs québécois. C'est une idée intéressante. Souhaitons qu'il y accorde autant d'importance qu'à l'adaptation de concepts de téléréalité étrangers.

akrol@lapresse.ca

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