Les nouvelles sont plutôt bonnes depuis quelques semaines pour SNC-Lavalin, même si la pente est abrupte. Jeudi, l'entreprise a annoncé des profits (ajustés) de 94,2 millions pour le premier trimestre de 2015, identiques à un million près à ceux de la même période l'an dernier. Plus important, les résultats montrent que la transformation lancée par le président Robert Card commence à porter ses fruits.

En effet, 60 % des profits trimestriels sont venus des activités d'ingénierie et de construction, un renversement complet par rapport à 2014, alors que les deux tiers de profits avaient été produits par les concessions d'infrastructures. SNC a confirmé jeudi qu'elle chercherait à vendre ses participations les plus anciennes dans ce domaine, notamment son investissement dans l'autoroute 407. Cela lui permettra de se concentrer sur ce qui fait sa force, l'ingénierie et la construction, notamment dans les secteurs des ressources et de l'énergie. À cet égard, l'acquisition de l'irlandaise Kentz apporte déjà des bénéfices, ayant contribué à gonfler le carnet de commandes du groupe. La chute des prix du pétrole a freiné l'activité dans l'Ouest canadien, mais l'entreprise a décroché plusieurs contrats au Moyen-Orient, totalisant un milliard.

Néanmoins, SNC a encore de nombreux défis à relever. Sa rentabilité demeure faible, plombée par l'exécution de projets déficitaires hérités de l'ancienne direction. Le dépôt d'accusions criminelles contre l'entreprise, reliées à ses activités en Libye, fait peser un risque de réputation et financier. M. Card a fait savoir qu'il consacrerait beaucoup de son temps à ce dossier au cours des prochains mois, notamment pour convaincre Ottawa de modifier ses règles d'attribution de contrats pour éviter qu'une société reconnue coupable de crimes soit automatiquement exclue, comme c'est le cas présentement.

Malgré ces zones d'ombre, les dirigeants de SNC faisaient preuve d'optimisme cette semaine. Ils se réjouissaient surtout de ce qu'Ottawa a choisi le consortium Signature dont l'entreprise fait partie, comme soumissionnaire privilégié pour la conception, la construction et l'exploitation du nouveau pont sur le Saint-Laurent. Ce projet pourrait être déterminant pour l'avenir de SNC. Celle-ci ne peut se permettre la moindre erreur dans une entreprise aussi visible et coûteuse. L'ouvrage devra être beau, bien bâti, livré à temps. SNC veut être reconnue pour son efficacité ; le nouveau pont Champlain lui fournit une occasion unique de montrer de quoi elle est capable.

SNC-Lavalin a donc relevé la tête. On entend moins souvent parler du risque qu'elle soit vendue ou démantelée. Avec une trésorerie de 1,1 milliard, la société est financièrement solide. SNC a annoncé une importante campagne de rachat d'actions, ce qui montre « notre confiance dans l'avenir de la compagnie », selon Alain-Pierre Raynaud, chef des affaires financières. Prochaine étape : à tout prix, réussir le pont.