Justin Trudeau a dévoilé lundi deux mesures fiscales qui seront au coeur de la plateforme libérale l'automne prochain. S'ils sont élus le 19 octobre, les libéraux remplaceront la Prestation fiscale canadienne pour enfants et la Prestation universelle pour la garde d'enfants (PUGE). Mise en place en 2006 par le gouvernement Harper, la PUGE a été bonifiée l'automne dernier de façon à ce que les parents reçoivent de plus gros chèques dans les mois précédant les élections.

Le Parti libéral mettrait en place une nouvelle Allocation canadienne aux enfants. Cette prestation aurait le mérite de simplifier le régime fédéral d'aide à la famille. Elle serait également plus équitable que le système actuel, la PUGE étant versée à tous les parents d'enfants mineurs, peu importe le niveau de leurs revenus. L'allocation envisagée par les libéraux serait de 6400 $ par année pour les ménages gagnant moins de 30 000 $ par an. Pour les revenus supérieurs à ce seuil, les prestations diminueraient graduellement, tombant à zéro dans le cas des familles aisées.

L'Allocation canadienne pour enfants coûterait 22 milliards, dont 18 milliards viendraient des deux programmes mis au rancart. Le Parti libéral veut annuler deux bonbons fiscaux chers aux conservateurs, la hausse du plafond de cotisation au CELI et le fractionnement du revenu. Ces mesures favorisant surtout les contribuables à revenus élevés, leur abandon rendrait le régime plus juste.

M. Trudeau s'est également engagé à abaisser de 22 % à 20,5 % la deuxième tranche d'imposition sur le revenu des particuliers. Selon les libéraux, il s'agit là d'une « baisse d'impôts pour la classe moyenne ». Ce n'est pas faux, mais il ne faut pas faire l'erreur de penser que seuls les contribuables gagnant entre 44 701 $ et 89 401 $ en profiteraient. Ça serait aussi le cas de tous ceux dont les revenus dépassent 89 401 $. Ceux-là paieraient 20,5 % plutôt que 22 % sur la partie de leurs revenus situés dans la deuxième tranche, une économie de 670 $.

Une réserve : les contribuables gagnant moins de 44 000 $ ne bénéficieraient d'aucun allégement. En vertu de quel principe de justice sociale les personnes recevant des revenus particulièrement modestes sont-elles ignorées ? Soulignons que depuis 15 ans, le taux d'impôt de la deuxième tranche de revenus est passé de 26 % à 22 %, une diminution substantielle.

La baisse d'impôt promise par le Parti libéral serait financée par l'ajout d'une nouvelle tranche pour les contribuables gagnant plus de 200 000 $ : les revenus au-dessus de ce seuil seraient taxés au taux de 33 % au lieu de 29 %. On ne pourra pas étirer davantage cet élastique.

Le débat électoral entre les conservateurs et les libéraux ne portera donc pas sur l'opportunité de baisser les impôts, mais sur le meilleur moyen de le faire. Or, en matière de fiscalité, les mesures les plus simples et les plus équitables devraient toujours être privilégiées.