Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a passé un mauvais quart d'heure vendredi, lors d'une réunion de l'Eurogroupe. À bout de patience, ses homologues l'ont sermonné, le pressant de soumettre rapidement un plan détaillé de réformes économiques et financières. «Il y a eu une panne complète des communications», a laissé tomber le Maltais Edward Scicluna. «On ne peut pas négocier si on perd confiance en son vis-à-vis», a ajouté le vice-président de la Commission européenne, Jyrki Katainen.

Lorsque la coalition de gauche Syriza a été portée au pouvoir en janvier dernier, c'est son hostilité à l'austérité, jugée nécessaire par les créanciers de la Grèce, qui inquiétait les dirigeants européens. Aujourd'hui, c'est l'incompétence et l'irresponsabilité du gouvernement qui les enrage.

Prenant acte du ras-le-bol exprimé par les électeurs grecs, conscientes de leurs propres erreurs, les institutions (zone euro, Banque centrale européenne et FMI) ont donné la chance au coureur. Elles ont accordé trois mois au gouvernement d'Alexis Tsipras pour préparer des réformes de remplacement, disons une austérité de gauche, de sorte qu'ils puissent lui prêter les dernières sommes du programme d'aide en cours - 7,2 milliards d'euros. Au lieu de cela, les ministres Syriza ont multiplié les décisions et déclarations controversées. Les changements promis restent vagues et les bureaucrates locaux mettent les bâtons dans les roues des experts dépêchés à Athènes.

Le flamboyant Varoufakis s'est mis à dos ses homologues en consacrant l'essentiel de son temps à courir les conférences internationales et les médias. «Bien sûr, Noam Chomsky et Joseph Stiglitz nous appuient, mais ça ne nous donne pas un sou de plus», constate en éditorial le journal Kathimerini.

Devant l'impasse, au lieu de prendre ses responsabilités, le gouvernement attaque ceux avec qui il doit négocier. Le ministre des Affaires étrangères, Nikos Kotzias, a laissé entendre que les Allemands voulaient «punir la Grèce», «en faire un exemple de ce qui arrive lorsqu'un pays a un gouvernement de gauche». Comme le rappelle le journaliste Yannis Palaiologos dans un ouvrage récent, la déresponsabilisation omniprésente est l'une des principales causes du marasme grec: «Lorsque la responsabilité pour un désastre se dirige vers vous, vous la relancez le plus loin possible, préférablement vers quelque sombre comploteur.»*

Au cours des prochaines semaines, il finira par y avoir une entente, les parties ne pouvant pas se permettre une autre issue. Cependant, le comportement du gouvernement Tsipras fait craindre qu'une fois l'accord signé, Athènes continuera à se traîner les pieds. La situation du pays ne s'améliorera pas, et les Grecs blâmeront l'austérité, l'Allemagne, le FMI...

Pendant ce temps, trois autres pays ayant reçu une aide d'urgence des institutions internationales en échange de réformes - l'Espagne, l'Irlande et le Portugal - sont en train de remonter la pente.

*The 13th Labour of Hercules, Portobello Books.