Le congédiement du directeur général de la Société de transport de Montréal (STM) a stupéfait les employés. Plusieurs d'entre eux ont souligné la grande compétence de Carl Desrosiers, un ingénieur à l'emploi de la société depuis 30 ans.

M. Desrosiers a été successivement responsable du métro, directeur de l'exploitation des réseaux de bus et de métro et, depuis 2012, directeur général. Sous son impulsion, la STM s'est soumise à un étalonnage international qui lui a permis d'accroître la productivité de ses employés et la fiabilité de son réseau, et ce, malgré l'âge avancé des voitures de métro. Les relations de travail se sont améliorées, tel que le démontre la signature de contrats de travail d'une durée de 6 ans.

Le président du conseil d'administration, Philippe Schnobb, explique le congédiement de M. Desrosiers par son désir d'obtenir «un regard neuf» à la veille de la rédaction du prochain plan stratégique. En quoi un «regard neuf» est-il nécessaire alors que, dans des circonstances financières difficiles, la STM a continué à améliorer son service et à augmenter l'achalandage de son réseau?

M. Schnobb a aussi parlé de divergences de vues entre lui et le directeur général, notamment au sujet du retrait des poubelles sur les quais du métro. Voilà en effet une affaire gravissime... L'ancien journaliste devrait savoir que plusieurs métros dans le monde ont adopté une mesure similaire, pour des raisons environnementales et sécuritaires.

Bref, les raisons invoquées par le président du conseil ne justifient pas le départ forcé de Carl Desrosiers. De plus, il est très improbable qu'une décision de cette importance ait été prise sans l'aval, sinon l'ordre du maire. Pourquoi l'administration Coderre voulait-elle la tête du DG?

Cette affaire met en lumière la vétusté du cadre de gouvernance des sociétés de transport des grandes villes québécoises. En vertu d'une loi provinciale, les conseils d'administration de ces organismes sont essentiellement formés d'élus municipaux. Ainsi, à la STM, l'une des plus grandes entreprises du Québec avec un budget de 1,3 milliard, aucun des membres du C.A. n'a d'expérience dans la gestion d'une société d'importance ou de connaissances particulières dans le domaine du transport urbain. Les seules «compétences» de M. Schnobb sont d'avoir été candidat (battu) pour l'équipe Coderre et d'être «un fervent utilisateur des transports collectifs et actifs».

Le gouvernement Couillard est à revoir la gouvernance des transports collectifs à Montréal. Il est essentiel qu'à cette occasion, les règles sur la composition des conseils d'administration des sociétés de transport soient modifiées en profondeur. D'ici là, le choix du successeur de Carl Desrosiers devra être fait de manière rigoureuse et équitable.