« Les tarifs des services de garde seront indexés à compter de 2015, ce qui évitera aux familles le choc tarifaire annoncé par le PQ, qui veut faire passer de 7 $ à 9 $ par jour ces tarifs. »  - Philippe Couillard, 18 mars 2014.

Il ne s'agissait pas d'une promesse lancée dans l'enthousiasme d'un discours partisan. L'engagement de ne pas augmenter les tarifs des garderies au-delà de l'indexation a été imprimé noir sur blanc dans la plateforme électorale du PLQ. Les libéraux n'ont donc qu'eux-mêmes à blâmer si la nouvelle tarification annoncée la semaine dernière suscite autant de colère.

Évidemment, Philippe Couillard est loin d'être le premier chef de parti à renier un engagement électoral. Pauline Marois n'avait-elle pas juré qu'elle abolirait la taxe santé mise en place par le gouvernement Charest ? La liste des promesses rompues, tous partis confondus, au fédéral comme au provincial, au Canada comme ailleurs, est interminable. Cependant, beaucoup de Québécois avaient espéré que M. Couillard soit différent. À plusieurs occasions dans sa carrière politique, il avait fait preuve d'une franchise rafraîchissante. Le voici relégué au rang de « politicien comme les autres ».

Le gouvernement explique sa volte-face par l'état des finances publiques. L'excuse est si éculée qu'elle ne convainc personne. Tout le monde savait que la situation financière de l'État québécois était précaire. Dans ces circonstances, promettre de ne pas augmenter sensiblement la contribution des parents était irresponsable.

Cela dit, les citoyens ont beau jeu de mettre tout le blâme des promesses brisées sur le dos des seuls politiciens. Rares sont les partis politiques qui ont été portés au pouvoir après avoir dévoilé la face cachée de leur programme. Si les libéraux de M. Couillard avaient annoncé leur intention d'augmenter et de moduler les tarifs des services de garde, combien d'électeurs auraient jeté leur dévolu sur une autre formation politique ?

Même quand un parti gagne les élections en annonçant des changements douloureux, il doit parfois faire face à une très vive opposition. Un an avant le scrutin de 2003, le Parti libéral de Jean Charest avait annoncé son intention de réduire la taille de l'État québécois, devenu « lourd et tentaculaire ». Cela n'a pas empêché la montée de la grogne populaire ; la « réingénierie » a été livrée à la déchiqueteuse.

Politiciens, journalistes et citoyens sont devenus prisonniers d'un cercle vicieux que tous, plus ou moins consciemment, nous avons contribué à créer. Le politicien qui ment le plus habilement est souvent élu, celui qui parie sur la franchise est généralement battu. D'où une culture politique malsaine, renforcée par la soif du pouvoir et la malhonnêteté intellectuelle. Le cancer gruge irrémédiablement la confiance des citoyens envers la démocratie. Un jour, l'édifice va s'effondrer.