La prise de contrôle du Sénat américain par les républicains est de très mauvais augure pour les négociations internationales sur le climat. Déjà, les chances de réussite paraissaient minces. Elles semblent aujourd'hui presque inexistantes, les républicains étant ouvertement hostiles au processus en cours sous l'égide de l'ONU.

Dans son plus récent rapport, publié deux jours avant les élections de mi-mandat, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a lancé un avertissement aux politiciens de la planète: s'ils n'agissent pas rapidement, le climat continuera de changer, ce qui accroîtra le risque «de conséquences graves, généralisées et irréversibles pour l'être humain et les écosystèmes».

Cette inquiétante conclusion n'a pas ému le sénateur républicain Jim Inhofe. Selon lui, le GIEC n'est «rien d'autre qu'une façade pour la gauche environnementale». Tout indique que M. Inhofe sera appelé à présider le comité du Sénat sur l'Environnement, comité auquel se rapporte l'Environmental Protection Agency (EPA).

Le sénateur Mitch McConnell sera le leader de la majorité républicaine au Sénat. Son influence sur les travaux de la deuxième chambre sera considérable. Or, M. McConnell représente le Kentucky, où les mines de charbon emploient plus de 16 000 personnes et dont pratiquement toute l'électricité est produite par des centrales au charbon.

McConnell tentera par tous les moyens d'affaiblir le Clean Power Plan, par lequel l'EPA compte réduire de 30% les émissions de dioxyde de carbone du secteur de l'énergie. Le sénateur qualifie cette politique de «guerre au charbon».

C'est dans un an, à Paris, que doivent se conclure les négociations sur la prochaine phase de la lutte aux changements climatiques. Avant même les élections de mardi dernier, on voyait mal comment le président de la conférence, François Hollande, parviendrait à réconcilier les intérêts divergents des pays développés et des puissances émergentes. On peut compter sur les républicains pour rendre encore plus ardue la tâche du président français.

Si le Clean Power Plan est bloqué ou diminué, le président Obama aura bien du mal à convaincre son homologue chinois, notamment, d'en faire davantage. Sa crédibilité sera aussi minée par la quasi-certitude qu'un Sénat républicain refusera de ratifier tout traité risquant de nuire à l'économie des États-Unis, notamment aux industries dépendant des énergies fossiles.

Réagissant à la publication du rapport du GIEC, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a pressé les leaders du monde d'agir. «Le temps joue contre nous», a-t-il averti. Malheureusement, le seul temps qui compte pour les républicains, c'est celui qui les sépare de la prochaine élection présidentielle.