«La Réponse.» C'est le nom officieux du Monument commémoratif de guerre du Canada, devant lequel le caporal Nathan Cirillo a été tué hier matin. «Le Monument représente la réponse que donna le Canada lorsque la paix fut rompue et la liberté menacée, dans les années critiques de la Grande Guerre», a déclaré le roi George VI lors de l'inauguration de l'oeuvre, le 21 mai 1939.

«Mais le symbolisme du Monument est encore plus profond, a poursuivi le roi. C'est la réponse spontanée de la conscience nationale. Il révèle l'âme même de la nation.»

Un pays se définit, aux yeux de ses citoyens et du monde, par la façon dont il surmonte les épreuves. Comme les grands conflits armés auxquels les soldats canadiens ont participé, les attentats de cette semaine rompent la paix et menacent la liberté. Seulement, cette fois-ci, c'est la paix et la liberté à l'intérieur de nos frontières qui sont ciblées.

À Saint-Jean-sur-Richelieu, lundi, et à Ottawa, hier, la réaction des policiers et des citoyens a été remarquable par l'efficacité, le courage et la discipline dont ils ont fait preuve. Comme l'a déclaré en soirée le premier ministre Stephen Harper, l'exemple de ces qualités a été donné par les agents qui, au péril de leur vie, ont pourchassé Michael Zehaf-Bibeau dans les couloirs du parlement.

À juste titre, M. Harper a souligné qu'on ne saurait minimiser la gravité de tels gestes: «Ces attaques contre nos services de sécurité et nos institutions sont, par leur nature même, des attaques contre notre pays, contre nos valeurs, contre notre société, contre nous Canadiens en tant que peuple libre et démocratique.»

Au sommet de l'arcade de granit du Monument commémoratif s'élèvent les figures de la Paix et de la Liberté. «La Paix et la Liberté ne sauraient être séparées longtemps l'une de l'autre, disait George VI. Sans liberté, il ne peut y avoir de paix durable, et sans paix, point de liberté durable.»

L'histoire nous a montré qu'il faut parfois combattre, même au coût de milliers de vies humaines, pour rétablir la paix et sauvegarder la liberté.

Cependant, les armes ne constituent pas toujours une réponse appropriée. Quoi qu'on pense de l'intervention contre le groupe État islamique au Moyen-Orient, il est évident qu'elle n'empêchera pas la radicalisation idéologique de certains Canadiens particulièrement vulnérables. Les forces policières avaient à l'oeil Martin Rouleau et Michael Bibeau. Elles leur avaient confisqué leur passeport et cherchaient à leur venir en aide et à les dissuader de passer aux actes.

S'il faudra certes apprendre des drames des derniers jours, cette approche équilibrée, typiquement canadienne, ne doit pas être abandonnée au profit d'une répression excessive. Car là réside l'âme même de notre nation: dans la quête constante de la paix par la liberté, plutôt qu'à son détriment.