Depuis quelques jours, les automobilistes québécois voient avec bonheur baisser le prix de l'essence. Pourtant, ce glissement est de mauvais augure. La diminution continue du prix du pétrole depuis le milieu de l'été signale la fragilité de l'économie mondiale.

Les plus récentes données sur la conjoncture allemande ont soulevé un vent d'inquiétude au sein de l'élite financière internationale. En août, les exportations ont chuté de 5,8% par rapport au mois précédent, la contraction mensuelle la plus forte depuis la crise de 2008-2009. Quatre instituts de recherche économiques du pays ont révisé leurs prévisions de croissance à la baisse, constatant que «l'économie de l'Allemagne s'est significativement refroidie.»

Hier, les douanes chinoises ont annoncé une hausse impressionnante des exportations (15,3%) de la République populaire en septembre. Toutefois, cette donnée a été accueillie avec scepticisme par plusieurs économistes. D'autres statistiques montrent que l'économie chinoise a ralenti, bien que son taux de croissance reste très élevé relativement parlant.

La chute du prix du pétrole indique qu'en raison de la stagnation de plusieurs économies, l'offre est désormais plus forte que la demande. Cela s'explique en partie seulement par la croissance de la production américaine. L'Union européenne semble en voie de retomber en récession. La croissance dans plusieurs économies émergentes - Brésil et Russie, notamment - connait des ratés. Ces nuages qui s'amoncellent font craindre le pire, malgré la performance de plus en plus encourageante de l'économie américaine.

Réunis en fin de semaine à Washington dans le cadre des travaux du FMI, les ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales d'une trentaine de pays ont constaté que la reprise est «inégale et plus faible que prévu». L'inquiétude a rendu encore plus tenace le désaccord entre les apôtres de l'austérité (au premier rang, l'Allemagne) et les tenants de l'activisme étatique (en particulier, la France).

Pour ces derniers, le piétinement de l'économie européenne prouve que la lutte aux déficits gouvernementaux est une mauvaise stratégie. Pourtant, deux des pays les plus mal en point, l'Espagne et l'Irlande, sont en voie de retrouver le chemin de la croissance après avoir rétabli leur situation budgétaire.

Outre les récentes difficultés allemandes, l'Europe est surtout plombée par la mauvaise performance française. Malgré les réformes amorcées par le gouvernement socialiste, la situation économique et financière de la République reste très mauvaise.

Dans ce contexte, que doit faire le gouvernement du Canada? À l'approche parallèle d'élections générales et de surplus budgétaires, le gouvernement Harper doit à tout prix faire preuve de prudence. S'il y a une réelle marge de manoeuvre, celle-ci doit être consacrée à une baisse de l'impôt sur le revenu des particuliers.

Pour ce qui est du gouvernement Couillard, il devra tenir bon dans ses efforts pour restaurer l'équilibre budgétaire. Il est vrai que le marché de l'emploi de la province montre des signes de faiblesse, mais Québec prévoit déjà investir 90 milliards dans les infrastructures au cours de la prochaine décennie. Ce qu'il faut, maintenant, c'est redonner à l'État québécois la marge de manoeuvre qui lui permettra de réduire sa dette et d'intervenir lorsque la prochaine récession frappera.