Joignant l'utile à l'agréable, le député péquiste Bernard Drainville a passé ses vacances estivales en Écosse. Puisque le référendum ne venait pas à lui, il est allé au référendum (les Écossais se prononcent sur leur avenir politique le 18 septembre).

En échangeant avec des Écossais, M. Drainville a eu une illumination: si les souverainistes québécois étaient clairs dans leur démarche et leur question, ils auraient peut-être plus de chances de l'emporter.

Baie-Comeau a eu le même effet sur Bernard Landry que l'Écosse sur Bernard Drainville. «Indépendance est le terme international pour parler de la liberté des peuples, ce n'est pas souveraineté. Et le référendum en Écosse, ce n'est pas sur la souveraineté, c'est sur l'indépendance. Le Parti québécois doit donc être clair et net dans son message», a déclaré l'ancien premier ministre, de passage sur la Côte-Nord.

Peut-on croire que les souverainistes se sont finalement rendus aux arguments de leurs adversaires selon lesquels un référendum sur la séparation du Québec devait comporter une question claire et une majorité claire pour que le résultat soit légitime? Pas du tout. L'histoire nous fournit à ce sujet un éclairage essentiel.

Des apôtres de la clarté surgissent toujours au PQ quand la formation est dans l'opposition. Lorsqu'il a pris les rênes d'un PQ en déroute en 1988, Jacques Parizeau a promis une question et un calendrier clairs. La question devait se lire: ««Êtes-vous d'accord pour que le Québec soit un pays souverain en date du...».

Une fois élu, confronté à de mauvais sondages et aux avertissements de Lucien Bouchard, M. Parizeau a admis qu'il y avait «un os» dans la question envisagée. C'est ainsi qu'on a abouti au texte alambiqué du 30 octobre 1995: «Acceptez-vous que le Québec devienne souverain, après avoir offert formellement au Canada un nouveau partenariat économique et politique, dans le cadre du projet de loi sur l'avenir du Québec et de l'entente du 12 juin 1995?»

Depuis 40 ans, la majorité des Québécois a opinion très cohérente au sujet de l'avenir politique du Québec. S'ils souhaitent un partenariat accordant plus d'autonomie au gouvernement provincial, en reconnaissance de la spécificité de leur culture, la plupart des Québécois ne veulent pas que la province quitte la fédération canadienne.

Si le Parti québécois est un jour reporté au pouvoir et est en mesure de tenir un troisième référendum, il se butera une fois de plus à cette réalité. Et, ce gouvernement péquiste fera comme ses prédécesseurs l'ont fait: avec l'aide de ses sondeurs, il concoctera une question laissant croire aux Québécois qu'en votant OUI, ils pourront avoir le beurre, l'argent du beurre, le beurrier et le couteau.

Les indépendantistes du Québec ne sont pas les seuls à observer ce qui se passe en Écosse. Un peu partout dans le monde, les personnes intéressées par ces questions ont surtout retenu qu'il y a eu entente entre Londres et Édimbourg sur les modalités du référendum, notamment sur le texte de la question. C'est de plus en plus une exigence de la communauté internationale en ces matières: avant la tenue d'une consultation pouvant mener à l'éclatement d'un pays existant, il est souhaitable que les parties concernées s'entendent au préalable sur les règles du jeu.

Dans notre cas, cela signifie qu'Ottawa et Québec devraient convenir ensemble des modalités du référendum. M. Drainville dit «ne pas être rendu là». Il aurait dû prolonger ses vacances.