Deux décisions prises récemment par le gouvernement de l'Australie ont suscité le mécontentement et l'inquiétude au sein du mouvement écologiste. À la mi-juillet, le parlement fédéral a jeté à la poubelle la taxe sur le carbone mise en place il y a deux ans par le précédent gouvernement. Aux yeux du gouvernement dirigé par Tony Abbott, élu l'an dernier, cette taxe nuisait à l'économie australienne.

Deuxième décision controversée : la semaine dernière, le gouvernement australien a donné le feu vert à un gigantesque projet minier, le projet Carmichael. Carmichael sera l'une des plus importantes mines de charbon du monde. Le charbon, à raison de 165 000 tonnes par jour, sera exporté par bateau en Inde, où il alimentera les centrales électriques. Or, on le sait, le charbon est, de loin, le carburant produisant le plus de gaz à effet de serre (GES).

Sous Tony Abbott, l'Australie rejoint le Canada de Stephen Harper dans le camp des délinquants de la lutte aux changements climatiques. D'ailleurs, lorsqu'ils se sont rencontrés à Ottawa en juin, les deux premiers ministres se sont entendus comme des larrons en foire.

Il faut dire que la géologie et l'économie des deux pays rendent plus complexe toute action dans ce domaine. Le charbon est à l'Australie ce qu'est le pétrole au Canada : une formidable source de croissance. Imposer à ces secteurs des mesures draconiennes de réduction des émissions de GES causerait du tort à l'économie nationale. M. Harper n'avait pas tort quand il a déclaré, en présence de son homologue australien : « Peu importe ce qu'ils prétendent, aucun pays ne prendra des mesures qui vont détruire des emplois et la croissance dans leur pays. Nous sommes tout simplement un petit peu plus francs à ce sujet. »

Néanmoins, étant donné la gravité du problème, la passivité - la piste privilégiée par MM. Harper et Abbott - n'est pas une politique responsable. Selon les plus récentes données publiées par la US National Oceanic and Atmospheric Administration, juin 2014 a été le mois de juin le plus chaud depuis 1880. La tendance du réchauffement est donc, encore une fois, confirmée.

En 2011, les gouvernants de la planète se sont fixé comme objectif de conclure une nouvelle entente sur les changements climatiques au plus tard lors de la conférence de Paris, en décembre 2015. Le temps file et, à l'heure qu'il est, la dynamique ne semble pas favorable à un accord ambitieux.

Les cas de l'Australie et du Canada illustrent deux difficultés auxquelles font face plusieurs pays et qui, si l'on n'en tient pas compte, garantissent l'échec des négociations. Un : il est essentiel de convaincre l'opinion publique du bien-fondé des mesures envisagées, mesures qui auront nécessairement un impact sur le portefeuille des consommateurs. Deux : aucun pays n'acceptera des mesures qui appauvriront substantiellement son économie. Tout accord devra absolument tenir compte du contexte particulier de chaque nation.

Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, présidera un sommet sur le climat le 23 septembre prochain. Souhaitons que MM. Abbott et Harper, tout en exprimant leurs préoccupations, apportent une contribution positive à cette rencontre.