À la suite de la victoire du Parti libéral du Québec, des voix se sont élevées pour déplorer les distorsions produites par le mode de scrutin actuel. Selon la co-porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, ce mode de scrutin «fausse complètement la joute». Certains électeurs ont dénoncé le fait qu'avec «seulement» 42% des voies, les libéraux jouissent d'une majorité confortable à l'Assemblée nationale.

Le mode de scrutin uninominal à un tour, importé d'Angleterre il y a plus de 200 ans, a fait l'objet de nombreuses critiques. On souligne la différence, parfois importante, entre le pourcentage de votes obtenus et le nombre de sièges remportés. On trouve qu'il rend difficile l'émergence de nouveaux partis.

Ces critiques ont mené les gouvernements de certaines provinces, dont le Québec, à lancer de vastes consultations publiques et à proposer des réformes. Les formules retenues visaient à ajouter au système actuel un élément de représentation proportionnelle. Bien que les partisans de ces réformes aient supposé que la population en avait assez du système actuel, leurs efforts n'ont pas abouti. Lors de référendums tenus en Ontario (2007) et en Colombie-Britannique (2005 et 2009), la population a rejeté les formules proposées. Au Québec, après des années de consultations, les élus ne sont pas parvenus à s'entendre sur une nouvelle façon de faire.

Il faut dire que les formules envisagées sont complexes. De plus, des simulations ont montré que soit ces formules ne changeraient pas grand-chose aux résultats obtenus avec le mode actuel, soit elles donneraient aux petits partis une influence disproportionnée.

Il appert que la population n'est pas si mal servie par le mode de scrutin uninominal à un tour. Au Québec, quand les citoyens souhaitent se débarrasser d'un gouvernement, ils y parviennent sans mal (on l'a vu encore lundi). Si elles établissent leur pertinence et sont suffisamment opiniâtres, les petites formations parviennent à se faire une place (voir Québec solidaire et la Coalition avenir Québec).

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En ce qui a trait à la prime accordée au parti qui a le plus de votes, elle permet la mise en place de gouvernements majoritaires. L'expérience récente des gouvernements minoritaires à Ottawa et à Québec a montré que ces situations provoquent une obsession du court terme et une partisanerie exacerbée. La majorité permet à un conseil des ministres de voir un peu plus loin que le bout de son nez. Et, contrairement à ce qu'on entend souvent dire, un gouvernement majoritaire n'est pas omnipotent.

Est-il injuste qu'avec 42% du vote, le PLQ se retrouve avec 70 sièges sur 125? Ceux qui le pensent devraient se rappeler qu'en 1976, le Parti québécois de René Lévesque avait recueilli 41% du vote et... 71 sièges. Ne dit-on pas que ce fut l'un des grands gouvernements de l'histoire de la province?