Lorsqu'il a déposé son projet de loi sur les élections à date fixe, le ministre responsable des Institutions démocratiques, Bernard Drainville, a expliqué: «Les petits calculs, les petites stratégies, les petites tentatives de s'ouvrir une fenêtre qui pourrait nous permettre de déclencher quelque part dans la troisième année parce que les sondages sont bons, on va renoncer à ça.»

En vertu de ce principe selon lequel la date d'un scrutin devrait être à l'abri des calculs partisans, comment le Parti québécois peut-il refuser de dire aux Québécois si, dans les quatre années d'un mandat majoritaire, il y aurait ou non un référendum sur l'indépendance? Ce qui est vrai pour de simples élections ne l'est-il pas davantage pour une consultation sur l'avenir de la nation?

Selon le plus récent sondage CROP-La Presse, 64% des Québécois ne souhaitent pas de référendum sur la souveraineté. Cette solide opposition n'étonne pas. Nous avons déjà traversé deux épreuves de cette sorte. Chacune a suscité une incertitude aussi profonde que néfaste. Chacune a provoqué des déchirements qu'il a fallu des années pour réparer.

Cependant, les militants péquistes rêvent d'un troisième référendum qui les mènerait à la Terre promise. La première ministre cultive donc l'équivoque, voulant donner espoir aux siens sans effrayer les électeurs. Elle promet un «livre blanc sur l'avenir du Québec» - il s'agira évidemment d'un pamphlet indépendantiste, préparé aux frais des contribuables. Il y aura ensuite une vaste consultation (également payée par les fonds publics) dont ni la forme ni le but ne sont précisés. Bref, les citoyens sont laissés dans le brouillard, à la merci des «petites stratégies» et des «petits calculs» des péquistes.

Mme Marois aime parler d'éthique. Or, l'éthique, ce n'est pas seulement combattre la corruption, c'est aussi faire preuve de franchise. Lorsque René Lévesque a été élu en 1976, les Québécois savaient qu'il allait tenir un référendum sur la souveraineté-association. Au cours de la campagne électorale de 1994, Jacques Parizeau s'était engagé à consulter la population dans l'année suivant son arrivée au pouvoir. De ces précédents nous tirons un enseignement: avant de plonger le peuple québécois dans les turbulences d'un débat référendaire, le Parti québécois doit obtenir un mandat en ce sens.

Ce soir a lieu le premier débat des chefs. Des centaines de milliers de Québécois seront à l'écoute. La première ministre doit en profiter pour clarifier une fois pour toutes ses intentions. S'il est reporté au pouvoir, le Parti québécois va-t-il tenir un référendum sur l'avenir politique du Québec? La question est claire. L'éthique n'autorise que deux réponses: oui ou non.