Chaque fois qu'une personne de fort calibre choisit de se lancer en politique, le Québec gagne. C'est vrai dans le cas des personnalités de divers milieux qui ont annoncé leur candidature, pour un parti ou un autre, au cours des derniers jours. Et c'est certainement vrai pour Pierre Karl Péladeau.

Si ses méthodes ont fait l'objet de beaucoup de critiques, souvent justifiées, il reste que M. Péladeau a transformé Vidéotron pour en faire une entreprise dynamique et extrêmement profitable. Il a aussi brillamment conçu et exécuté la stratégie de convergence des médias de Québecor.

En point de presse, le candidat du PQ dans Saint-Jérôme a dit qu'il souhaitait surtout se consacrer à la prospérité économique du Québec, notamment au soutien des entrepreneurs et des PME. L'homme d'affaires a bien résumé le principal défi auquel la province est confrontée: «En cette époque où l'économie mondiale est marquée par une compétitivité inégalée dans l'histoire moderne, où notre balance commerciale est grandement déficitaire, il n'y a pas de solution facile. Mais chose certaine, il nous faudra faire preuve d'audace pour que les Québécois en sortent gagnants.»

Évidemment, le saut en politique de M. Péladeau n'est pas sans susciter la controverse. En particulier, plusieurs s'interrogent sur le traitement que réserveront les puissants médias de Québecor à leur ancien patron et au parti qu'il a choisi. Le candidat a beau avoir démissionné de tous les postes qu'il occupait, il a beau s'être engagé à placer ses avoirs en fiducie, il demeure l'actionnaire de contrôle. Le temps dira si cette situation a des conséquences malsaines pour la démocratie québécoise. Pour l'instant, en tout cas, toute comparaison avec les faits et gestes de l'ancien premier ministre italien, Silvio Berlusconi, est caricaturale et insultante.

Il faudra voir comment Pierre Karl Péladeau s'adaptera aux exigences du jeu politique, dont les règles sont fort différentes de celles régissant les affaires. Si le Parti québécois est reporté au pouvoir, M. Péladeau devra aussi s'ajuster à la lourdeur de l'administration publique. Avant lui, d'autres personnalités des affaires sont sorties frustrées de l'expérience.

Celui que tout le monde surnomme PKP a exprimé hier son désir de voir le Québec devenir un pays. Sa profession de foi indépendantiste ne sera probablement pas sans effet dans l'opinion. Cependant, elle ne change rien au fait que de l'avis de la vaste majorité des gens d'affaires, la séparation du Québec ferait un tort considérable à l'économie de la province.

En somme, nous nous réjouissons de l'arrivée de Pierre Karl Péladeau sur la scène politique. Entre autres conséquences, elle renforcera l'aile pragmatique du Parti québécois, celle qui comprend que la croissance économique vient d'abord de l'entreprise privée et que celle-ci ne peut jouer son rôle dans un environnement hostile à la réussite et aux profits.