Parmi tous les sujets qui seront débattus pendant la campagne électorale lancée hier, quatre enjeux nous semblent particulièrement importants.

Un Québec prospère

La conjoncture économique n'est pas catastrophique, mais si les Québécois veulent conserver leur qualité de vie dans un contexte de vieillissement rapide de la main-d'oeuvre et d'une concurrence internationale impitoyable, il va falloir faire mieux.

Les administrations passées ont trop compté sur l'État pour attirer l'investissement privé. Le gouvernement peut certes donner un coup de pouce à certains projets, mais il lui faut s'assurer qu'à la base, ceux-ci sont viables. Surtout, Québec doit créer un climat qui incite les entreprises à investir en assumant les risques inhérents.

L'échec de la province à cet égard est patent: les investissements privés réalisés ici représentent à peine 15% de ceux faits dans l'ensemble du pays, bien en deçà de sa part de la population. Dans l'opposition, les formations politiques ne manquent pas de déplorer ce retard; une fois au gouvernement, aucune n'a su redresser la situation. Comment les partis en lice proposent-ils de s'y prendre au cours des quatre prochaines années?

Un Québec solide

Les Québécois ont choisi de bâtir une société plus juste, notamment par le biais de programmes sociaux généreux. Toutefois, l'État québécois est rendu à la limite de ses moyens. Des choix douloureux devront être faits. Par exemple, il faut cesser de créer de nouveaux programmes alors qu'on est incapable de financer ceux qui sont déjà en place.

Le plus récent budget du gouvernement Marois reconnaît la nécessité de «rétablir l'équilibre entre les dépenses et la capacité de payer des contribuables». Mais il ne dit pas comment cet équilibre sera rétabli. Tous les partis aspirant à former le prochain gouvernement doivent expliquer aux Québécois, franchement, ce qu'ils feront pour assainir les finances de la province.

Un Québec en santé

Depuis 30 ans, les gouvernements ont multiplié les réorganisations du système de santé de la province. En vain. Au cours des 10 dernières années, les dépenses de Québec en santé sont passées de 18 milliards à 30 milliards. On se retrouve aujourd'hui avec les mêmes problèmes d'accès aux soins: la première ligne est pleine de trous, les salles d'urgence débordent, les aînés sont parqués dans des conditions infectes.

Compte tenu de tout ce qu'on leur a fait miroiter dans le passé (rappelons les engagements de Jean Charest en 2003), les Québécois ne croiront pas les promesses démesurées. Les partis en lice peuvent-ils mettre de l'avant quelques mesures concrètes susceptibles d'améliorer la situation sur le terrain? Et avant d'offrir aux Québécois vieillissants une «assurance autonomie», on devrait s'assurer que le gouvernement aura les moyens financiers de la payer.

Un Québec uni

Le Québec est un David confronté à des Goliath économiques et culturels. Pour relever les défis auxquels ils font face et tirer leur épingle du jeu mondial, les Québécois ont besoin de la contribution de tous, peu importe leur langue, leurs croyances, leur origine ou leur idéologie. Les politiciens doivent donc éviter d'attiser les préjugés, de diviser pour régner.

Au sein d'une société démocratique, les débats sont non seulement inévitables, ils sont souhaitables. Cependant, il y a une différence entre les désaccords et les déchirements. Le Parti québécois nous dira-t-il comment il compte panser les plaies qu'il a rouvertes? Quels projets rassembleurs nous proposeront les autres partis?

Une économie dynamique, des finances publiques saines, un système de santé efficace, une population unie dans l'atteinte d'objectifs communs: voilà ce à quoi nous aspirons.