Comme Lac-Mégantic, Casselton est une petite communauté traversée par un chemin de fer. La différence entre la tragédie qui s'est produite en juillet 2013 au Québec et l'accident de train survenu lundi dans la municipalité du Dakota du Nord, c'est que ce dernier s'est produit un kilomètre et demi passé Casselton. Si les wagons-citernes remplis de pétrole avaient explosé quelques minutes plus tôt, en plein coeur de la ville, «au moins 100 personnes auraient été tuées», selon le maire Ed McConnell.

Voici ce qu'on sait de l'incident du 30 décembre: un convoi, roulant vers l'ouest et transportant des céréales, a déraillé juste après avoir traversé Casselton. Un train de pétrole composé de 106 wagons, circulant en sens inverse sur la voie parallèle, a heurté les wagons déraillés qui lui bloquaient le passage. De puissantes explosions se sont produites; une vingtaine de wagons ont pris feu. L'accident n'a pas fait de victimes, mais les habitants de Casselton ont été évacués.

Deux similitudes troublantes apparaissent entre ces accidents. Un: dans les deux cas, le pétrole transporté provenait de la formation géologique de Bakken, dans le nord des États-Unis. Il devient de plus en plus clair que ce pétrole léger est beaucoup plus inflammable que le brut ordinaire. Deux: les deux convois pétroliers étaient formés de wagons-citernes DOT-111; de l'aveu de l'industrie ferroviaire elle-même, ces wagons ne sont pas assez résistants aux chocs pour le transport de produits aussi dangereux.

Des similitudes, donc, mais il y a aussi des différences notables, outre des conséquences qui ne se comparent évidemment pas. Alors que Lac-Mégantic ne profitait d'aucune manière du pétrole transporté sur son territoire, Casselton et tout le Dakota du Nord tirent d'importants avantages économiques de l'exploitation du pétrole du bassin de Bakken, qui se trouve en grande partie dans le sous-sol de cet état.

Autre distinction, le transporteur impliqué dans le plus récent incident est l'un des plus importants du continent. La Burlington Northern Santa Fe (BNSF) emploie 40 000 personnes et est propriétaire de 7000 locomotives. Chaque année, la BNSF investit des centaines de millions dans l'amélioration de son réseau. On est loin de la très broche à foin MMA.

On a ici la preuve que même des sociétés ferroviaires responsables peuvent être impliquées dans des accidents graves. Ce qui est en cause, ce n'est pas nécessairement la négligence des transporteurs, mais la dangerosité d'un produit mal connu et la désuétude des normes de sécurité relatives aux wagons-citernes. Les autorités américaines et canadiennes se penchent sur ces questions depuis la catastrophe de Lac-Mégantic. L'accident de Casselton confirme que Lac-Mégantic n'est pas un cas isolé et que, par conséquent, l'industrie et les gouvernements doivent absolument accélérer le pas.