Au bout de deux jours de discussions avec son équipe réunie au lac Taureau, dans Lanaudière, la première ministre du Québec, Pauline Marois, a annoncé qu'elle ne comptait pas tenir d'élections générales avant les Fêtes. Quels que soient les motifs de cette décision, il s'agit d'une très bonne nouvelle pour les électeurs, et ce, pour plusieurs raisons.

D'abord, si elle avait eu lieu en décembre, la campagne électorale aurait notamment porté sur les «valeurs québécoises». Aux tensions identitaires se seraient ajoutées les querelles partisanes, un mélange explosif.

Ensuite, le gouvernement issu d'un tel scrutin aurait probablement été minoritaire. Or, pour prendre les décisions difficiles qu'impose la situation actuelle du Québec, il faut un gouvernement majoritaire, un gouvernement qui peut se permettre de penser à moyen terme.

Enfin, ce délai, probablement de quelques mois, permettra aux trois principaux partis de se présenter en meilleure forme à l'électorat. Le gouvernement de Mme Marois a connu des premiers mois difficiles et il en subit encore les conséquences dans les sondages. Depuis l'été toutefois, les choses se sont stabilisées. Bien que nous soyons en profond désaccord avec certaines des politiques de ce gouvernement, nous savons que les cafouillages dont ont été témoins les Québécois ne sont pas représentatifs de la compétence de ce Conseil des ministres.

Au Parti libéral, Philippe Couillard en est encore en train d'apprendre son métier de chef. Le report des élections permettra à la formation de compléter l'exercice de redéfinition de son programme à l'occasion d'un congrès en février 2014. D'ici là, la tenue d'élections complémentaires dans Outremont et Viau donne à M. Couillard l'occasion de retourner siéger à l'Assemblée nationale, une occasion qu'il doit saisir s'il veut que la population le connaisse mieux.

La Coalition avenir Québec et son chef François Legault peuvent seulement continuer à faire ce qu'ils font depuis la création du parti, offrir une opposition constructive et proposer de nouvelles idées. Peut-être que la fin du débat sur la «Charte des valeurs» calmera la polarisation qui a fait mal à la CAQ depuis le début de l'automne.

Justement, il est impératif que ce débat identitaire se conclue correctement. S'il l'on souhaite vraiment une loi sur les «valeurs québécoises», la grande majorité des Québécois doivent s'y reconnaître. Ce n'est pas le cas des propositions présentement à l'étude. Le gouvernement et les partis d'opposition ont le devoir de trouver une solution de compromis qui fera de cette charte un symbole d'harmonie et d'inclusion plutôt que de tensions et de préjugés.