Lundi, 29 militants de Greenpeace ont pénétré illégalement sur le site d'une centrale atomique française pour dénoncer la lenteur du gouvernement à délaisser l'énergie nucléaire. «Hollande catastrophe», pouvait-on lire sur une des banderoles tendues par le groupe. Cet incident illustre un paradoxe caractérisant le mouvement écologiste: aucune source d'énergie importante ne trouve grâce à ses yeux. Les seules sources jugées acceptables sont ou bien incapables de fournir en tout temps une énergie fiable (éolien, solaire) ou bien sont au stade expérimental (biomasse).

Le nucléaire produit 75% de l'énergie consommée en France. Grâce à ce choix fait dans les années 1970 par les autorités françaises, la République jouit d'un des meilleurs dossiers du monde industrialisé en ce qui a trait aux émissions de gaz à effet de serre.

En France, les écologistes ne peuvent pas dénoncer l'exploitation du pétrole. Ils ont obtenu un moratoire sur l'exploration et l'exploitation des gisements de gaz de schiste. Ils concentrent donc leurs campagnes sur le nucléaire.

À l'occasion du débat national sur l'énergie lancé par le président, François Hollande, les verts proposent que le pays «sorte du nucléaire». Les 58 centrales seraient fermées d'ici 20 ans et remplacées par de l'éolien, du solaire et de la biomasse. Les écologistes français citent en exemple l'«Energiewende» (transition énergétique) décidée par l'Allemagne.

Or, ce qui se passe au pays d'Angela Merkel démontre plutôt combien une telle transformation est difficile et onéreuse. Au lendemain de la catastrophe de Fukushima, Berlin a décidé de fermer ses 17 centrales nucléaires d'ici 2022. L'État a investi des sommes colossales dans le développement d'énergies renouvelables, en particulier l'éolien off-shore. Cependant, les obstacles se multiplient. Les projets de parcs éoliens connaissent d'importants retards et dépassements de coûts. La facture d'électricité des Allemands, déjà une des plus élevées au monde, continuera de grimper. Pour remplacer l'énergie produite par les huit premières centrales nucléaires fermées en 2011, le pays s'est tourné vers... le charbon. Les émissions de GES de l'Allemagne ont d'ailleurs augmenté l'an dernier. 

Et les faiblesses des différentes filières d'énergie renouvelable apparaissent. Par exemple, augmenter sensiblement la production d'énergie par biomasse exige qu'on crée une agriculture énergétique. Quel sera l'impact économique et écologique d'une telle agriculture? Et les conséquences pour l'utilisation du territoire?

Par sa vigilance, le mouvement écologiste joue un rôle essentiel dans l'évolution de la planète vers un modèle de développement plus durable. Cependant, en laissant croire qu'existent des sources d'énergie miracles, à la fois abordables, fiables et sans impact sur l'environnement, le mouvement se trompe et mine sa propre crédibilité.