Les deux principaux partis de l'opposition sur la scène fédérale ont franchi une étape importante cette fin de semaine. Le NPD a affirmé sa confiance en son chef, Thomas Mulcair, et a modernisé son programme. Le Parti libéral s'est choisi un nouveau leader en la personne de Justin Trudeau.

La victoire de M. Trudeau a été encore plus éclatante que prévu. La qualité de sa campagne a aussi étonné. Il a su éviter les gaffes. On a vu que l'homme a mûri et qu'il maîtrise les contenus mieux qu'auparavant.

Si l'on en croit les sondages, Justin Trudeau séduit. Peu importe qu'il s'agisse de son nom, de ses talents d'orateur (à nouveau démontrés hier soir) ou des valeurs qu'il défend, cette popularité lui procure un avantage initial dont ne jouissaient pas ses prédécesseurs. Cependant, le plus dur reste à faire, M. Trudeau et les libéraux le savent fort bien. Il faut reconstruire l'organisation du parti. Il faut lui donner un programme. Surtout, le nouveau chef doit démontrer aux Canadiens qu'il a l'envergure d'un premier ministre.

Dans les coulisses du congrès du NPD, au Palais des congrès de Montréal, on sentait une certaine frustration devant l'attention que les médias portaient au couronnement du prince Trudeau. Comment les journalistes pouvaient-ils accorder si peu d'importance au plus gros congrès de l'histoire du parti?

Cette situation révèle le talon d'Achille du NPD: depuis son élection à la tête du parti il y a un an, M. Mulcair n'a pas réussi à s'imposer comme le remplaçant inévitable de Stephen Harper. Le député d'Outremont est d'une redoutable intelligence et il connaît à fond ses dossiers; d'une certaine façon, il est fort là où son nouveau rival libéral est faible. Mais, contrairement à Trudeau, il a peu de charisme, il n'excite ni les foules... ni les médias. On l'a vu samedi alors que son discours a provoqué peu d'enthousiasme parmi les militants.

Les militants néo-démocrates ont quand même renouvelé leur appui à leur chef. Et, comme l'avait souhaité Jack Layton, ils ont débarrassé la constitution du parti de ses vestiges marxistes. Le NPD reste quand même résolument à gauche; M. Mulcair et son équipe devront démontrer aux Canadiens qu'ils sont assez pragmatiques pour gouverner le pays.

Il y a dans les événements de la fin de semaine une bonne nouvelle pour la démocratie canadienne. Alors que de plus en plus de citoyens sont insatisfaits du gouvernement conservateur, les deux autres grandes formations politiques du pays sont chacune en voie de leur offrir une solution de rechange crédible. Il reste à savoir si en 2015 l'une des deux, le Parti libéral de Justin Trudeau ou le NPD de Thomas Mulcair, sera en mesure de rassembler la majorité des mécontents. Ou si le vote d'opposition sera encore une fois divisé.

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