Depuis hier matin, la côte est des États-Unis est paralysée par les vents et la pluie provoqués par l'ouraganSandy. Paralysée, le mot n'est pas faible: tout est fermé, des écoles jusqu'à Wall Street, du métro de New York jusqu'à la Cour suprême des États-Unis. Même la campagne présidentielle a été suspendue.

Chaque fois que la nature se déchaîne ainsi, on ne peut qu'être impressionné par sa puissance. L'être humain a multiplié les prouesses technologiques au cours des dernières décennies, mais il reste à la merci des éléments. Quand ceux-ci frappent une terre démunie, le bilan est démesurément lourd. Toutefois, on le voit ces heures-ci, les pays qui ont la chance d'être plus développés ne sont pas à l'abri.

Selon les météorologues, Sandy est d'une envergure exceptionnelle. Son diamètre, quelque 1500 kilomètres (l'équivalent de la distance entre Montréal et Charleston, en Caroline-du-Sud), en fait le plus imposant des ouragans de l'Atlantique, de mémoire d'homme, bien qu'il soit «seulement» de catégorie 1. «Cette chose est tellement grosse qu'il est impossible d'en décrire tous les effets», disait hier le météorologue de CNN. Partout, du vent, beaucoup de vent. Puis, selon la région concernée, de la pluie, de la neige, de la grêle, des marées exacerbées.

Aux États-Unis, les autorités se sont préparées toute la fin de semaine à l'arrivée de Sandy. Des ordres d'évacuation ont été émis dans plusieurs États. Toutefois, comme le rapporte notre collègue Daphné Cameron, bien des gens ont refusé de quitter leur demeure. Daphné cite un policier de la région d'Atlantic City: «Au moins 75% des gens ne veulent pas partir de chez eux. Ils sont tellement habitués aux médias qui annoncent la tempête du siècle et que ça se dégonfle par la suite, ils pensent que la même chose va arriver cette fois-ci.»

L'homme a du mal à admettre la puissance de la nature, le destin qu'elle impose et, surtout, cette imprévisibilité capable de déjouer tous les satellites et les ordinateurs qui la scrutent. Alors on cherche des coupables. En Italie, on a condamné à la prison des scientifiques qui auraient minimisé les risques d'un tremblement de terre. Aux États-Unis hier, certains accusaient les médias d'exagérer. Pourtant, si les dégâts sont plus graves qu'attendu, on dénoncera la passivité et l'incompétence des gouvernants.

Avant même l'arrivée de Sandy, des écologistes reliaient l'ouragan aux changements climatiques, une thèse douteuse. Pour sa part, Mitt Romney espère certainement pouvoir trouver dans ces événements matière à critiquer le président Obama. Pourtant, ici, il n'y a pas de coupable. Sandy n'a d'humain que le nom.

Nous exploitons la nature mieux que nous ne la maîtrisons. Elle sera toujours bien plus grande que nous. Dans sa beauté comme dans sa violence.