En rencontre éditoriale mardi, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, a attaqué son ancien collègue François Legault, l'accusant de l'avoir «lâchée» à plusieurs reprises et d'avoir «lâché» le mouvement souverainiste. De son côté, le premier ministre, Jean Charest, répète que le chef de la CAQ n'est «pas fiable».

Vire-capot, François Legault? Certes, ses carrières privée et publique sont marquées par des décisions brusques, apparemment prises sur un coup de tête. Son abandon de l'indépendance, alors qu'il fut longtemps un «souverainiste pressé», apparaît à plusieurs comme une preuve d'opportunisme.

Pourtant, le cheminement intellectuel de M. Legault est caractérisé par une impressionnante cohérence. Depuis son entrée en politique en 1998, le comptable-entrepreneur a toujours eu les mêmes préoccupations: l'amélioration de la formation des jeunes Québécois, la création de richesse au Québec, l'efficacité des services publics, la réduction de la dette.

Comme ministre de l'Éducation, puis de la Santé, il a travaillé à améliorer la gestion des deux réseaux. Dans un manifeste publié en 2004, il a appelé les péquistes à «faire de l'éducation le coeur de notre projet de société», à accroître l'efficacité «par l'évaluation systématique de la qualité des services publics et par une décentralisation de leur gestion» et à adopter une politique économique plus pragmatique.

Jusqu'en 2008, François Legault a cru que l'accession du Québec à l'indépendance lui permettrait d'atteindre plus facilement ces objectifs. Puis, en août de cette année-là, il a invité les militants de la formation à mettre de côté ce projet pour s'attaquer aux problèmes concrets de la province. «Il faut être réaliste», concluait-il alors. Les Québécois ne voulaient plus entendre parler «de projet collectif comme la souveraineté.»

L'obsession du PQ pour la séparation lui a de plus en plus paru comme un obstacle au règlement des dossiers qu'il continuait de juger prioritaires. C'est ce qui l'a mené à quitter la formation et la vie politique l'année suivante. Dans le texte expliquant sa démission, il déplorait le «déclin tranquille» du Québec et parlait des trois défis que les Québécois devraient relever: réduire l'écart de richesse entre la province et les autres États d'Amérique du Nord, rendre les réseaux de santé et d'éducation plus efficaces, régler la crise des finances publiques.

Ce sont les mêmes préoccupations qui ont mené l'ancien député de Rousseau à envisager la création d'un nouveau parti politique. Et ce sont ces idées qui se retrouvent, deux ans plus tard, au coeur de la plateforme électorale de la Coalition avenir Québec.

Aussi ses adversaires ont-ils tort de décrire François Legault comme un homme qui change tout le temps d'idée. Au contraire, en ce qui a trait aux objectifs qu'il veut voir le Québec atteindre, il a été d'une constance remarquable.