On a beaucoup louangé, au cours des derniers mois, l'implication sociale et politique des jeunes, telle que manifestée par le mouvement de grève du printemps. On a dit que cette génération était différente des précédentes, qu'elle prenait la parole, se tenait debout. Où sont tous ces jeunes idéalistes alors que se tiennent les premières assemblées devant statuer sur la suite du boycottage?

À l'École de service social de l'Université de Montréal, à peine 61 des 638 étudiants se sont donné la peine de voter lundi. 33 étudiants ont voté pour la poursuite de la grève, 26 contre et 2 se sont abstenus. Par conséquent, la reprise de la session de l'hiver dernier sera empêchée en raison du vote de 5% des étudiants. Où étaient tous les autres?

À la Faculté des sciences humaines de l'UQAM, 350 des 4623 étudiants (8%) ont participé à l'assemblée de mardi, assemblée qui a reconduit le mandat de grève par une très forte majorité. Au cégep de Saint-Jérôme, où les étudiants ont voté hier pour une trêve du boycottage jusqu'au 4 septembre, seulement 250 étudiants sur 4200 se sont prononcés.

L'enjeu est pourtant crucial. Les établissements n'ont plus de marge de manoeuvre: là où les cours ne reprendront pas la semaine prochaine, la session d'hiver 2012 sera tout simplement annulée.

Le peu d'intérêt manifesté pour ces votes cruciaux est difficile à expliquer. Manque d'information? Allons donc! S'il est possible d'organiser des manifestations dans des dictatures grâce aux médias sociaux, il ne doit pas être très difficile pour un jeune québécois de savoir quand et où a lieu la réunion de son association étudiante!

Les étudiants pour la reprise des cours ont peur d'être intimidés? Peut-être, mais, encore là, avec les médias sociaux, il devrait être possible d'organiser un groupe substantiel capable de tenir son bout en assemblée. Pour leur part, les étudiants favorables à la poursuite de la grève croient-ils si peu à la cause qu'ils ne daignent pas se déplacer pour s'exprimer?

Quoi qu'il en soit, on constate encore une fois les grandes faiblesses de ce que les militants appellent la «démocratie étudiante». S'en remettre à ce système bancal, noyauté par les militants radicaux, comme le font Québec solidaire et le Parti québécois, est carrément irresponsable. Cette «démocratie» qui, contrairement à la démocratie syndicale, n'est encadrée par aucune loi permet souvent à un petit groupe d'imposer sa volonté à une majorité qui, pour une raison ou pour une autre, choisit de rester silencieuse. Un parti politique qui aspire à gouverner le Québec ne devrait pas cautionner une telle situation.