«Il fera encore très chaud. Le mercure atteindra 90 degrés (Fahrenheit), s'accompagnant d'une humidité considérable» annonçait à ses lecteurs le quotidien montréalais Le Canada, le 14 juillet 1952. De fait, la température a atteint 91 degrés (32,8 Celsius) ce jour-là, un record.

À Montréal comme ailleurs, les vagues de chaleur ne datent évidemment pas d'hier. Cependant, selon les climatologues, elles seront probablement plus nombreuses et plus pénibles à l'avenir, ce en raison des changements climatiques provoqués par l'activité humaine.

Samedi dernier, le 14 juillet 2012, le record du 14 juillet 1952 a été battu: il a fait 33,3 degrés. Preuve que les températures estivales sont à la hausse?

Dans ce domaine d'une grande complexité, rien n'est certain. Le record dépassé était seulement celui de la journée du 14 juillet. La température maximale record mesurée un jour de juillet à Montréal est de 36,1 degrés; c'était le premier juillet... 1931.

Il a toujours été risqué de relier des événements météorologiques précis - vague de chaleur, tempête, sécheresse... - aux phénomènes à très long terme que sont les changements climatiques. Certains s'empressent de conclure à l'existence de liens de cause à effet, soit par méconnaissance, soit parce qu'ils voient là une tactique efficace pour convaincre la population de l'urgence d'agir.

Depuis quelques années, les climatologues ont multiplié leurs recherches à ce sujet. Ces travaux les ont convaincus: les changements climatiques ont augmenté les risques que surviennent certains événements (par exemple, des vagues de chaleur au Texas et des automnes cléments en Grande-Bretagne).

Cette conclusion ne vaut toutefois pas pour tous les sursauts de la météo. Ainsi, on n'est pas en mesure de dire s'il y a un rapport entre l'évolution du climat à long terme et la météo exceptionnellement exécrable qui s'abat sur le Royaume-Uni depuis trois mois. Alors que les modèles climatiques annoncent des étés plus secs dans cette région, des records de précipitations vieux d'un siècle ont été balayés. Les experts se seraient-ils trompés? «Il se peut que d'autres facteurs que les changements climatiques soient en jeu à court terme», répondent les météorologues britanniques (Met Office). «Un grand nombre de phénomènes météorologiques ou climatiques extrêmes restent le fait de la variabilité naturelle du climat», rappelle d'ailleurs le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) dans sa récente étude de la question.

Malgré l'incertitude qui subsiste, les travaux scientifiques récents incitent à penser que les changements climatiques provoqués par l'Homme accroissent bel et bien la probabilité et l'intensité des événements météorologiques extrêmes. Cela étant, la simple prudence milite en faveur d'efforts planétaires accrus pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre.