La Cour suprême des États-Unis a confirmé hier la constitutionnalité de la vaste réforme des soins de santé signée il y a deux ans par le président Barack Obama. À moins que le républicain Mitt Romney ne soit élu en novembre prochain, le nouveau régime permettra d'ici 2016 à 30 millions d'Américains supplémentaires d'être protégés par une assurance maladie.

Cette réforme historique est l'oeuvre personnelle d'Obama. C'est lui qui, contre l'avis de la plupart de ses conseillers, a insisté pour la pousser au Congrès dès le début de son mandat, au beau milieu de la récession. C'est le président qui a choisi d'investir dans ce dossier une grande partie de son capital politique original. C'est lui qui a subi les attaques virulentes des républicains, notamment du Tea Party, contre son projet.

Si la Cour suprême avait rejeté la réforme, cet échec aurait été retenu par l'Histoire comme le fait marquant de la présidence de Barack Obama. Heureusement, pour le président comme pour des millions d'Américains, le tribunal lui a donné raison.

La crédibilité du jugement rendu hier est renforcée par le fait que le juge en chef John Roberts, un conservateur nommé par George W. Bush, s'est joint aux quatre juges libéraux de la Cour pour faire pencher la balance en faveur de la constitutionnalité de la réforme. Impossible pour la droite, cette fois-ci, de dénoncer l'activisme du tribunal.

De ce jugement complexe, il faut retenir que la Cour suprême a affirmé la légalité des deux mesures les plus controversées de la réforme, le «mandat individuel» et l'élargissement de la couverture offerte par le régime public Medicaid. Le «mandat individuel» incite les Américains à acheter une assurance maladie; le gouvernement agitera la carotte (des crédits d'impôt) et le bâton (une pénalité fiscale contre ceux qui refusent de s'assurer).

Medicaid ne profitera plus seulement aux familles pauvres, aux femmes enceintes et aux enfants; la protection publique sera étendue à tous les adultes à faible revenu, soit quelque 17 millions de personnes. Une fois la réforme en place, 93% des Américains bénéficieront d'une assurance maladie publique ou privée. La plus grave lacune du filet social américain aura ainsi été comblée.

Le président Obama a souhaité hier la fin du débat sur la question: «Il est temps de mettre la loi en oeuvre.» Cependant, comme M. Obama le sait fort bien, le débat va se poursuivre jusqu'à l'élection présidentielle. Or, il n'est pas certain que sa victoire en Cour suprême l'aidera à être réélu.

Hier, son adversaire républicain, Mitt Romney, a une nouvelle fois promis d'abroger l'«Obamacare» une fois installé à la Maison-Blanche. Aussi simplistes soient-ils («Le gouvernement va s'interposer entre vous et votre médecin»), les arguments républicains portent. Selon un sondage Reuters/Ipsos réalisé au cours des derniers jours, 56% des Américains s'opposent à la nouvelle loi.

Pour l'emporter le 6 novembre prochain, Barack Obama devra donc réussir là où il a échoué depuis 2008: faire comprendre aux Américains que la grande majorité d'entre eux profiteront de sa réforme des soins de santé.