À la surprise générale, le contre-interrogatoire le plus dévastateur de Jacques Duchesneau, devant la commission Charbonneau, est venu de l'avocate du Parti québécois. Selon Me Estelle Tremblay, en menant une enquête personnelle sur le financement des partis politiques, M. Duchesneau «a compromis l'impartialité et l'indépendance de sa fonction de représentant de l'État lorsqu'il était dirigeant de l'Unité anticollussion.»

Les péquistes ont été les premiers étonnés. La chef, Pauline Marois, a dit hier que l'avocate «a peut-être poussé un peu loin». Le leader parlementaire, Stéphane Bédard, a fait savoir qu'on avait demandé à Me Tremblay d'être désormais «un peu plus zen.»

Néanmoins, Mme Marois a vivement contredit les affirmations-chocs faites mardi par M. Duchesneau voulant que les principaux partis provinciaux soient en grande partie financés par de l'«argent sale». «Ça n'a pas de bon sens, a-t-elle dit à Paul Arcand, sur les ondes de 98,5. Peu importe les formations politiques, je ne peux absolument pas admettre ce que dit M. Duchesneau comme étant véridique. Il faut qu'il fasse la preuve.»

Au fil des mois, les péquistes ont exprimé des opinions très différentes au sujet de l'ancien chef de police de Montréal. Quelques mois après sa nomination à l'Unité anticollusion (UAC), des allégations au sujet du financement de la campagne à la mairie de M. Duchesneau avaient suffi au député Nicolas Girard pour conclure que l'homme avait un «passé trouble» et que le gouvernement n'aurait pas dû placer «le renard dans la bergerie».

Blanchi par le Directeur général des élections, Jacques Duchesneau a repris son travail à l'UAC. Lorsque son rapport a été rendu public, la chef de l'opposition officielle a pris tout ce qui s'y trouvait pour la vérité absolue, sans exiger, cette fois-là, que l'enquêteur «fasse la preuve». Mme Marois a même réclamé la démission du premier ministre, accusant Jean Charest de «protéger la mafia, de protéger le crime organisé».

Tant que les accusations sensationnelles de Jacques Duchesneau salissaient les libéraux, le PQ les considérait comme avérées. Maintenant que les propos du même homme menacent d'entacher l'image «plus blanc que blanc» que cultivent soigneusement les péquistes, tout à coup, ceux-ci ont des doutes, exigent plus d'informations.

Il est dans la nature des partis d'opposition de ne pas faire dans la nuance; tout est bon pour mettre le gouvernement dans l'embarras. Toutefois, ces attaques démesurées finissent par avoir des effets pervers.

Nous en sommes là aujourd'hui. À cause du comportement douteux de certains d'entre eux et de leur gestion négligente des affaires de l'État, les élus libéraux sont les premiers responsables de la mauvaise réputation de la classe politique provinciale. Cependant, par leurs charges souvent excessives, les partis de l'opposition, notamment le PQ, ont aussi contribué au dégoût général.