Le chef de l'opposition officielle, Thomas Mulcair, s'est rendu cette semaine en Alberta pour tenter de réparer les dégâts causés par ses déclarations selon lesquelles l'exploitation des sables bitumineux nuit à l'économie du reste du pays. La démarche est bienvenue, mais M. Mulcair doit faire davantage.

Devant les journalistes albertains, le leader néo-démocrate a répété qu'à son avis, la richesse pétrolière de l'Ouest gonfle «artificiellement» la valeur du dollar canadien, ce qui provoque d'importantes pertes d'emplois dans l'industrie manufacturière des provinces telles l'Ontario et le Québec. M. Mulcair doit abandonner ce discours.

D'une part, cette théorie de la «maladie hollandaise» est simpliste. Comme l'a expliqué le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, la montée du huard résulte de l'augmentation des prix de toutes les ressources naturelles dont regorge le Canada, non seulement du pétrole. Elle s'explique aussi par la bonne santé de l'économie et des finances publiques du pays. Par ailleurs, les difficultés de l'industrie de la fabrication ne s'expliquent pas seulement par la force du dollar. La stagnation de l'économie américaine, la faible productivité de plusieurs entreprises et la mondialisation en sont également responsables.

D'autre part, quiconque aspire à diriger le Canada doit éviter d'exacerber les tensions entre les régions du pays; si le premier ministre et le chef de l'opposition ne travaillent pas à l'unité du pays, qui le fera? Prétendre que l'Alberta devrait sacrifier une partie de sa prospérité pour le bien des autres provinces est non seulement faux; de tels propos sèment inutilement la discorde. En réalité, le pays entier profite de l'exploitation du pétrole et du gaz dans l'ouest, ne serait-ce que par les milliards qu'en retire le gouvernement fédéral en impôts.

M. Mulcair fait oeuvre plus utile lorsqu'il réclame une exploitation des sables bitumineux qui soit davantage respectueuse de l'environnement. À ce chapitre, les gouvernements albertain et fédéral sont horriblement timides. Le cabinet Harper, en particulier, tarde à publier un projet de réglementation des émissions de l'industrie des hydrocarbures et tout laisse croire que ce règlement ne sera pas très exigeant.

Il relève de la responsabilité du gouvernement fédéral, qui représente le Canada dans les négociations sur les changements climatiques, de prendre à bras-le-corps le problème des impacts environnementaux des sables bitumineux. C'est ce que M. Mulcair promet de faire. Bravo! Mais dans ce domaine où les déceptions ont été nombreuses, les promesses ne suffisent pas.

D'ici aux prochaines élections, le chef du NPD devra préciser ses intentions à cet égard et convaincre les Canadiens, notamment ceux de l'Ouest, que son approche est non seulement appropriée, mais nécessaire.