Rencontrant cette semaine les journalistes de La Presse, le président et chef de la direction de Via Rail, Marc Laliberté, a conclu la rencontre en affirmant sa conviction que «le train est le moyen de transport du XXIe siècle». Souhaitons que M. Laliberté ait raison et que, après des décennies de piétinement, le transport interurbain des personnes se fasse de plus en plus par voie ferrée.

Comment y arriver? Plusieurs, dont nous sommes, rêvent d'un train à grande vitesse entre Montréal et Toronto. Ingénieur, homme pratique ayant fait presque toute sa carrière dans le rail, M. Laliberté ne croit visiblement pas aux projets grandioses. Quand on lui parle du succès extraordinaire du train en Europe, il souligne: «En Europe, les choses ne se sont pas faites du jour au lendemain.» C'est donc une approche «par étapes» qu'il prône pour le Canada.

Le plus grand déterminant du choix d'un mode de transport reste le temps de parcours. Grâce à des investissements de 923 millions de dollars consentis par le gouvernement fédéral depuis 2007, Via a entrepris de moderniser les voies, la signalisation, les trains et les gares, changements qui permettent de retrancher de précieuses minutes à la durée des trajets et d'augmenter le nombre de départs.

Le train jouit d'un grand avantage sur l'automobile et l'avion: on peut y travailler tout le long du voyage. Surtout si on est relié à l'internet. Malheureusement, le premier réseau Wi-Fi offert par Via était de piètre qualité. M. Laliberté en a fait une priorité et le réseau maintenant en place est performant.

Restent les voitures. Les 98 wagons LRC utilisés sur ses principales liaisons ont 30 ans et ont grandement besoin d'être retapés. Cependant, les travaux de remise à neuf lancés il y a 3 ans ont pris beaucoup de retard et les premières voitures rénovées ne seront pas livrées avant l'an prochain.

Malgré les efforts de Via depuis quelques années, l'achalandage n'augmente pas. «Il faut du temps pour que les changements fassent effet», se défend Marc Laliberté. Sans doute. Surtout, il faut que l'amélioration du service se poursuive. Les compressions de 10% du budget de la société, annoncées dans le dernier budget Flaherty, ne faciliteront pas les choses. Au moins, Ottawa a consenti 60 millions pour de nouveaux investissements cette année. Cela permettra à Via de garder ses équipements à niveau. Mais il faudrait plus, notamment pour réduire sensiblement le temps de parcours entre Montréal et Toronto (présentement 4 heures 30 minutes). S'il ne veut rien savoir d'un TGV, le gouvernement Harper devrait au moins comprendre qu'une liaison ferroviaire améliorée entre les deux principales villes du pays contribuerait à l'efficacité de l'union économique canadienne (une question qui lui tient à coeur), en plus de comporter des avantages environnementaux et humains substantiels.