Des leaders étudiants, des politiciens et des commentateurs voudraient faire porter au gouvernement Charest la responsabilité des actes de vandalisme de plus en plus nombreux, et de plus en plus dangereux, commis en marge de la grève étudiante. On peut résumer ainsi leur thèse: «Comme le gouvernement ne veut pas négocier avec eux, on peut comprendre la colère des étudiants.»

Soyons clairs: rien au Québec ne justifie que des gens aient recours à la violence, contre des personnes ou contre des biens, pour faire valoir leur point de vue. Quoi qu'en pensent ceux qui appellent à un «printemps québécois», nous ne vivons pas ici sous un régime d'oppression. La démocratie québécoise est certes imparfaite, mais les citoyens disposent de nombreux moyens pour faire connaître leur point de vue et influencer les élus.

Même ceux qui s'opposent à la hausse des droits de scolarité doivent convenir que cette politique n'est pas odieuse au point de justifier de vandaliser des bâtiments et de lancer des sacs de briques sur les rails du métro. Si on juge légitime que les jeunes aient recours à de tels moyens de pression, alors on acceptera que tous les autres citoyens mécontents fassent de même. La démocratie cédera le pas à l'anarchie.

Le refus de certains représentants étudiants de condamner clairement la violence est inexcusable. Le porte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois, dit ne pas avoir reçu de ses membres le mandat de dénoncer le vandalisme. On n'a pas besoin de mandat pour condamner la violence, seulement de principes.

M. Nadeau-Dubois affirme que «si on veut que ces gestes-là cessent, la ministre doit ouvrir un dialogue sur la question des droits de scolarité.» Autrement dit, M. Nadeau-Dubois invite le gouvernement à plier devant le vandalisme. Mme Beauchamp avait tout à fait raison de souligner, dans une entrevue à La Presse: «Je défends un projet de loi sur l'intimidation à l'école, on ne peut pas me demander de céder à l'intimidation».

Peut-être que si la CLASSE ne dénonce pas plus fermement les gestes de vandalisme, c'est parce que ceux-ci s'inscrivent parfaitement dans sa stratégie de «syndicalisme de combat». Le vandalisme a beau susciter du mécontentement au sein de la population, il permet au mouvement étudiant d'amplifier un climat de «crise» qui accroît la pression sur le gouvernement.

Gabriel Nadeau-Dubois «assure» que si la ministre de l'Éducation accepte de rencontrer toutes les associations étudiantes, «ça va calmer les ardeurs.» Qu'en sait-il, lui qui dit n'avoir rien à voir avec ces actions radicales? Et si, lors de ces pourparlers, la CLASSE n'obtient pas satisfaction, le vandalisme reprendra-t-il?

Peu importe leurs contorsions verbales et leurs motivations tactiques ou partisanes, ceux qui ne condamnent pas ces gestes sans ambiguïté, sans «...mais c'est la faute du gouvernement», se rendent complices de la violence.