À plusieurs égards, 2011 a été une année difficile, chez nous comme ailleurs sur la planète. Aux États-Unis et en Europe, l'économie est restée stagnante. À Washington, la classe politique s'est révélée impuissante, paralysée par l'idéologie et la partisanerie. Les chefs de gouvernement européens, eux, ont beaucoup travaillé, mais le contexte est particulièrement difficile - il faut s'entendre à 27, ou au moins à 17. Dans plusieurs pays, le chômage a augmenté, dépassant 22% en Espagne et 18% en Grèce.

Selon une étude publiée par l'OCDE, les inégalités de revenus se sont considérablement accrues depuis 30 ans dans la plupart des pays développés et émergents. Les indignés avaient raison de dénoncer cette injustice croissante. Toutefois, leur mouvement s'est essoufflé faute de solutions de rechange. La gauche, constate le politologue Francis Fukuyama, est à court d'idées nouvelles.

Enfin, 2011 a produit son lot de catastrophes naturelles, du tsunami au Japon à la sécheresse en Afrique orientale, en passant par les inondations dans la vallée du Richelieu. Les États n'ont toutefois pu s'entendre pour s'attaquer résolument au problème des changements climatiques.

La nouvelle année s'ouvre donc un peu partout dans une atmosphère d'incertitude et d'inquiétude. Si l'Europe et les États-Unis ne parviennent pas à juguler la crise économique, le Canada sera certainement touché.

Néanmoins, certains développements survenus cette année donnent des raisons d'espérer. Le printemps arabe n'a peut-être pas porté tous les fruits attendus mais il a démontré que le peuple n'est pas démuni, qu'il peut même faire tomber les régimes totalitaires.

En Europe, bien que beaucoup critiqués, les politiciens sont parvenus à un accord qui ouvre la voie à une discipline budgétaire renforcée, enchassée dans le traité de l'UE. Cela aurait été inimaginable il y a un an.

Aux États-Unis, à la veille de Noël, le président Obama a forcé les républicains à reculer. Pendant que ces derniers s'entredéchirent, les chances que M. Obama soit réélu augmentent, une bonne nouvelle pour le monde.

Au Québec, la soif de changement est grande et pourrait produire un second séisme politique, après celui du 2 mai. Si ce changement mettait un terme à la division des Québécois en deux camps irréconciliables, il serait salutaire.

À Ottawa, Stephen Harper a beau être majoritaire, il devra adopter une attitude plus conciliante. Avec un nouveau chef, le NPD fournira une opposition plus efficace. De son côté, dirigé par Bob Rae, le Parti libéral pourrait être en mesure de se relever.

En somme, un optimisme prudent est de mise. Et, comme l'a dit Jack Layton dans son dernier message aux Canadiens, «l'espoir est meilleur que la peur, l'optimisme est meilleur que le désespoir.»

Au nom de notre président et éditeur, Guy Crevier, je vous souhaite, chers lecteurs, une très bonne année 2012.