Selon une étude publiée hier par l'Institut Fraser, l'attente médiane entre une visite chez un médecin de famille et une chirurgie a augmenté cette année au Canada, atteignant 19 semaines. Selon l'organisme, cette attente est deux fois plus longue qu'il y a 20 ans.

Comme nous le rappelions récemment, la réduction du temps d'attente était considérée comme une «priorité nationale» par les premiers ministres du pays lorsqu'ils ont signé le «plan décennal pour consolider les soins de santé», en 2004. Cet accord prévoyait une augmentation substantielle des paiements de transfert du gouvernement fédéral aux provinces. À la suite de cet accord, les dépenses des provinces pour la santé sont passées de 85 à 130 milliards, une hausse de 45 milliards en sept ans. Or, si l'on en croit l'Institut Fraser, ces sommes considérables n'ont pas permis de réduire les temps d'attente de façon substantielle. Par exemple, alors que les médecins jugent médicalement raisonnable un délai de 11 semaines entre la visite chez un spécialiste et une chirurgie orthopédique, la moitié des patients concernés doivent attendre plus de 19 semaines. Pour la neurochirurgie, le délai raisonnable est de 6 semaines alors que la moitié des patients attendent plus de 11 semaines.

La méthodologie employée par l'Institut Fraser - un sondage auprès des médecins - est contestée. Les gouvernements, eux, utilisent les statistiques compilées par les hôpitaux. Néanmoins, les données produites par le think tank ne sont pas contredites par celles des provinces. Ainsi, selon le ministère de la Santé du Québec, depuis deux ans, le délai moyen a augmenté pour les remplacements de hanche et de genou, ce malgré une hausse importante du nombre de chirurgies depuis deux ans.

Pour sa part, l'Institut canadien d'information sur la santé estime qu'au Canada, 8 patients sur 10 ont subi l'intervention chirurgicale dont ils avaient besoin à l'intérieur du délai de référence. Dans l'ensemble, selon les associations médicales regroupées au sein de l'Alliance pour les temps d'attente, la situation s'est légèrement améliorée au cours des cinq dernières années, mais «les longues périodes d'attente pour obtenir des soins empêchent toujours les Canadiens d'avoir accès en temps opportun à des services de santé de qualité». Quarante-cinq milliards plus tard, on se serait attendu à une amélioration beaucoup plus sensible de la situation.

Les données publiées par l'Institut Fraser renforcent notre conviction qu'on n'améliorera pas nécessairement l'accès des Canadiens aux soins de santé en pompant des milliards supplémentaires dans le système. Un constat qu'il faut garder à l'esprit alors qu'Ottawa et les provinces se préparent aux négociations sur le renouvellement de l'entente de 2004.