À l'issue du caucus estival de son parti, le chef intérimaire du Parti libéral du Canada, Bob Rae, a fait savoir que les libéraux vont faire de l'emploi leur priorité: «À l'inverse de la politique du gouvernement conservateur, centrée sur des coupures, des coupures et encore des coupures, le Parti libéral a pour objectif des emplois, des emplois et encore des emplois.»

Il est pour le moins curieux que les libéraux choisissent d'attaquer les conservateurs sur ce terrain, alors qu'on compte 250 000 Canadiens de plus au travail qu'à la même période l'an dernier. À 7,2%, le taux de chômage est sensiblement plus bas ici que dans plusieurs pays industrialisés, notamment les États-Unis et la France. Il est étrange aussi qu'ils accusent les conservateurs de faire preuve en cette matière d'«une idéologie rigide». En effet, à l'opposé de l'entêtement dont il avait fait preuve au début de la récession, le gouvernement Harper fait preuve d'ouverture et se montre disposé à corriger son cap budgétaire si l'état de l'économie se détériore.

Aujourd'hui, un tel changement de cap serait prématuré. Selon qu'on est optimiste ou pessimiste, on lira différemment les feuilles de thé statistiques. D'ailleurs, on trouvait hier des interprétations diamétralement opposées des dernières données issues des enquêtes menées auprès de l'industrie manufacturière. Le site web du New York Times titrait «Des signes d'optimisme dans les données économiques» tandis que celui du Financial Times affirmait plutôt «Coup dur pour l'espoir d'une reprise mondiale».

Les plus récentes statistiques sur l'emploi aux États-Unis sont publiées ce matin, mais personne n'attend de miracle. La Maison-Blanche elle-même a corrigé à la baisse ses prévisions pour 2012; la présidence s'attend à ce que le taux de chômage se maintienne à 9%.

Le président Barack Obama annoncera la semaine prochaine son plan visant à stimuler la création d'emplois, mais le contexte politique ne lui est pas favorable. À preuve, il n'a même pas pu convaincre les législateurs républicains de le laisser présenter ce plan au congrès à la date de son choix.

L'économie canadienne a connu un bon début d'année, mais la croissance s'est arrêtée au cours du deuxième trimestre. Il ne faut pas se faire d'illusions: si l'économie mondiale retombe en récession, nous n'y échapperons pas. Et rien ne garantit que, comme ç'a été le cas en 2008 et 2009, le Canada s'en tirera mieux que les autres.

C'est pourquoi le gouvernement Harper doit être aux aguets et envisager sans attendre les mesures qu'il pourrait prendre aux premiers signes d'un ralentissement significatif. Majoritaire, il est en mesure de gouverner intelligemment sans craindre à tout moment d'être défait. De plus, le rapport dette/PIB, relativement bas, lui donne une marge de manoeuvre pour agir si besoin est.