«On veut s'assurer de faire les choses correctement.» - Jean Charest, 9 mars 2011, au sujet du Plan Nord.

«Au PQ, on va faire les choses correctement.» - Pauline Marois, 17 février 2011, au sujet du développement des ressources naturelles.

Quand on presse les politiciens d'agir rapidement dans tel ou tel dossier, ils résistent parfois en soutenant qu'il vaut mieux prendre un peu plus de temps pour s'assurer que les choses soient faites correctement. C'est souvent un prétexte, mais sur le fond, ils ont raison: la protection de l'intérêt public exige que les dossiers soient étudiés et débattus en profondeur et que les conséquences financières, légales et sociales des décisions prises ont été bien soupesées.

C'est pourquoi la précipitation et la désinvolture avec laquelle le gouvernement Charest et le Parti québécois agissent dans le dossier du nouvel amphithéâtre de Québec sont si troublantes. On a eu une saisissante démonstration de leur irresponsabilité cette semaine, lors des travaux de la commission parlementaire chargée d'étudier à toute vapeur le projet de loi privé protégeant contre toute contestation judiciaire l'entente entre la Ville de Québec et Quebecor Media.

L'horaire dont avaient convenu les deux grands partis a limité à 45 minutes le temps consacré au président de Quebecor, Pierre-Karl Péladeau. Comme les rouges et les bleus ont gaspillé le gros de leur temps (fébrile, un libéral a demandé à M. Péladeau «Quel club (de la LNH) s'en vient à Québec?»), les questions les plus pertinentes sont venues des trois députés indépendants. Les yeux fixés sur le chronomètre, la présidente de la commission n'a laissé que quelques secondes au patron de Quebecor pour y répondre.

Malgré leur éloquence, le maire Labeaume et M. Péladeau n'ont pu calmer les inquiétudes soulevées par leur entente de février dernier:

- Qu'arrive-t-il si les coûts de construction de l'amphithéâtre (comprenant, notamment, les coûts de décontamination du terrain) dépassent de beaucoup les 400 millions prévus?

- Comment a-t-on pu fixer le loyer de l'édifice pour une période de 25 ans alors que son coût de construction réel n'est pas encore connu?

- Pourquoi le loyer convenu augmente-t-il de moins de 1% par année?

- Pourquoi le nouveau colisée sera-t-il payé entièrement par des fonds publics alors que celui de Winnipeg, qui vient d'obtenir une équipe de la LNH, a été payé à 70% par une entreprise privée?

- Pourquoi les élus acceptent-ils de protéger contre toute contestation judiciaire non seulement l'entente de principe, mais tous les contrats découlant de cette entente, contrats que personne n'a vus puisqu'ils n'ont pas encore été signés?

- Pourquoi tous les risques du projet sont-ils assumés par la Ville de Québec? À RDI, l'ancien député péquiste Jean-Pierre Charbonneau a ramené toutes ces questions à une seule: «Est-ce que les fonds publics doivent servir à consolider un empire?»

Autant de questions auxquelles les députés libéraux et péquistes n'ont même pas cherché de réponses. Il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. Leur comportement dans ce dossier montre jusqu'à quel point, quand leurs intérêts partisans sont en cause, les parlementaires sont prêts à sacrifier leur responsabilité fondamentale de gardiens de l'intérêt public.